( 15 septembre, 2008 )

Passer à un autre stade

Par : Youcef Zirem .

  Le temps passe trop vite. Avec

un peu de recul, l’homme

s’aperçoit qu’il n’est qu’un

passager sur cette terre. A chacun

sa traversée; parfois le chemin est

escarpé et difficile, parfois les choses

s’avèrent simples et faciles.

Paris offre cette opportunité de se

poser, avec détachement, des questions

sur le pays des origines. Dans

quelques jours, l’avènement du

mois d’octobre sera une occasion

propice de se souvenir de ce qui s’est passé il y a vingt ans en

Algérie. Pour la première fois depuis l’indépendance, les

Algériens, aux quatre coins du pays, s’étaient soulevés contre

un système qui les étouffait. Bien sûr que le système luimême,

à travers une de ses fractions, avait encouragé ce mouvement.

Mais très vite, le système avait été débordé et la

révolte populaire s’est imposée pour revendiquer une vie meilleure

réelle, pas seulement celle des slogans. Il y a eu, bien

sûr, des dépassements ; il y a eu aussi une tentative de récupération

du mécontentement populaire par les islamistes.

Mais dans l’ensemble, cette révolte restera comme l’œuvre

majestueuse des enfants d’octobre. Cette œuvre fut majestueuse

dans la mesure où il n’était pas aisé de s’opposer à un

système policier qui surveillait tout le monde. Cette œuvre

majestueuse ne fut aidée ni par l’intelligentsia ni par les opposants

politiques traditionnels; elle coulait de source, car elle

exprimait un ras le bol généralisé. Vingt ans après, les événements

tragiques d’octobre 1988 n’ont pas mis le pays sur les

chemins sûrs de la démocratie, de la justice sociale, du respect

des droits de l’Homme et de la liberté. Pourtant juste après

cette halte sanglante de l’histoire contemporaine de l’Algérie

indépendante, le système s’est relativement ouvert : nous

avons eu une nouvelle Constitution, nous avons eu la liberté de

créer des associations à caractère politique et des journaux

privés ont fait leur apparition. Mais très vite, le système s’est

refermé sur lui-même en gardant une belle façade démocratique.

Le pays est alors entré dans un cycle infernal de violences

multiples qui l’emprisonne jusqu’à aujourd’hui. L’état d’urgence,

décrété le 9 février 1992, est toujours en vigueur.

Aujourd’hui, il est temps d’analyser, sereinement, froidement,

ce qui s’est passé depuis vingt ans en Algérie. Il faudra bien

passer à un autre stade de l’Histoire de ce pays merveilleux

qui peut faire cent fois mieux à tous les niveaux. Le meilleur

hommage à rendre aux jeunes Algériens qui sont morts durant

les événements d’octobre et ceux qui sont morts dans les violences

qui sont venues après, c’est de placer le pays dans une

autre perspective : celle de la démocratie véritable où chaque

Algérien, quelle que soit sa façon de voir le monde, aura sa

place, ses droits, ses devoirs et ses rêves, grâce à l’alternance

politique. Un pays où on ne rêve pas n’est plus vivable. Un

pays qui ne sait pas retenir sa jeunesse et ses compétences

doit se poser des questions.

Youcef. Zirem.

Article paru dans  » Algérie News « 

5 Commentaires à “ Passer à un autre stade ” »

  1. Addad dit :

    Salam,
    Très bon « papier » , il parle du passé , de notre Mémoire , il pose des questions et rappel le présent tout en se projetant vers l’Avenir . En effet c’est ce a quoi doivent s’ateler les prochaines « commémorations » d’Octobre 88 .
    Lui n’a pas oublier , nlui ne veux pas banaliser .
    Azul

  2. Addad dit :

    Salam,
    Très bon « papier » , il parle du passé , de notre Mémoire , il pose des questions et rappel le présent tout en se projetant vers l’Avenir . En effet c’est ce a quoi doivent s’ateler les prochaines « commémorations » d’Octobre 88 .
    Lui n’a pas oublier , lui ne veux pas banaliser .
    Azul

  3. Aziz dit :

    Salam ,
    il parle d’Octobre 88 , il raconte le passé et ce tourne vers l’avenir il n’a pas oublié , nous aussi .

  4. Farid dit :

    Bonour tout le monde !

    Merci à M. Youcef Zirem: cette chronique est magnifique, elle m’a fait pleurer!
    Heureusement qu’il y a des écrivains comme lui qui sait aller à l’essentiel, qui restent simples et qui défendent toujours la démocratie, la vraie démocratie!
    J’espère que les décideurs entendront un jour ce cri du coeur et de la raison de Youcef Zirem qui, comme journaliste et militant des droits de l’Homme, n’a jamais cessé de défendre la justice sociale, la liberté d’expression…

    Encore une fois, merci M. Youcef Zirem ! Merci aussi à RAJ pour toutes ces années de lutte !

  5. Aziz dit :

    Azul , Salam :
    j’avais pas l’honneur de connaître Youcef Zirem , mais il suffît de lire quelques lignes de son papier pour comprendre bien qu’il parle du fond du coeur hélas !
    Youcef nous proposent de revenir 20 ans derrière pour se souvenir d’octobre 88 , et d’analyser sereinement, froidement puis continuer la lutte pour offrir au jeunes d’aujourd’hui le plus beau cadeaux , que nos aînés ont rêvé  » La véritable démocratie  » .
    Azul et boncoup-RAJ .

    Aziz .

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