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( 5 septembre, 2008 )

Description : Présentation, histoire et objectifs

l’Association Nationale de Jeunes, Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) est créée par un groupe de jeunes,elle a été agréée le 16 mars 1993 sous le numéro 15 par le ministère de l’intérieur de l’Algérie. 

  • RAJ est une association socioculturelle qui as comme principal objectif la sensibilisation et la mobilisation des jeunes aux problèmes sociaux, ainsi que la promotion de toute activités culturelles et des droits de l’homme. 

RAJ a pour mission de regrouper et de permettre l’expression de toutes celles et tous ceux, jeunes d’Algérie qui refusent la fatalité du chômage, du désoeuvrement, source pour beaucoup d’entre nous de désespoir, d’exclusion et de rêves illusoires du « mieux ailleurs » avancé.

  • RAJ a également comme souci, la sensibilisation des jeunes sur l’importance de droits de l’homme, de la citoyenneté et de la solidarité. D’autre par il est nécessaire aujourd’hui de construire un mouvement associatif fort, qui assumerait son rôle concrètement dans la société civile, en tant que force de proposition et de mobilisation. 
  • PRINCIPALES ACTIVITES ET INITIATIVES DU RAJ 

    Chaque année depuis 1993, le RAJ organise les activités suivantes à travers les comités locaux et universitaires du RAJ représentés à l’échelle national :

  • 1.   La célébration de la journée Internationale des droits de l’homme
  • 2.   La célébration de la journée Internationale de la femme
  • 3.   La célébration de la journée Internationale de la liberté de la presse
  • 4.   Compagne de sensibilisation des lycéens sur leurs devoirs et leurs droit, ainsi sur le CIDA, la toxicomanie et les droits de l’homme ainsi que le système éducatif
  • 5.   Festival d’octobre (commémoration des évènements de 05 octobre 1988).
  • 6.   Compagnes de sensibilisation sur les droits de l’homme 

     

     

    Et cela en organisant plusieurs  activités telles que :·     

  • Diverses expositions
  • ·Concours culturels
  • ·Conférences débats, Tables rendes et Séminaires sur la citoyenneté, droit civils, civique, économiques, culturels et politiques, la jeunesse et la politique et le changement d’élites,les libertés individuelles et collectives, la paix, justice transitoire, mouvement sociaux, droit de la femme et des enfants …)
  • ·Rencontre des lycéens
  • ·Camp de jeunes
  • ·Universités d’étés
  • ·Galas artistiques  Aussi RAJ organise :
  • ·Exposition de jeunes (tout arts confondus)
  • · Organisation de concerts :
  • promotion pour des jeunes artistes sans moyens. 
  •            ·Tournée dans les hôpitaux pour enfants (animation, dons de livre, séances de lecture …)
  •             ·Tournée théâtrale dans les différentes régions du pays
  •          · Opérations de dons de ventoline pour asthmatiques et de l’insuline pour diabétiques
  •             · Formation gratuite.
  •             · RAJ a mené une compagne nationale sur la paix en Algérie (en 1995) avec une pétition nationale (20.000 signatures) et un grand rassemblement concert pour la paix (10.000 personnes).
  •             · Les membres du RAJ ont fait 13 jours de grève de la faim pour le respect des libertés démocratiques et contre le refus des autorités aux RAJ d’organiser son 4eme festival sur les événements d’octobre 1988.
  •             · Des sit-in de protestations à Alger contre les violations des droits de l’homme et l’interdiction des conférences du RAJ sur les droits de l’homme en 1995 et en 1997.
  •              · Participation du RAJ en 1996 au collectif pour la libération de plusieurs journalistes emprisonnés.
  •              · Rassemblements pour la refonte du système éducatif devant le ministère de l’éducation
  •            ·En 1997 : Tenir un Rassemblement interdit devant l’Assemblé Populaire Nationale (APN) a Alger pour revendiquer que le 5 octobre, soit une journée nationale et officielle pour la démocratie. (Depuis 2001, tout rassemblement est interdit à la capitale Alger)
  •               ·Rassemblement le 29 juin 1995 devant le siège de l’ONU A Alger pour protester contre le génocide et soutenir le peuple bosniaque.·      Echanges internationaux
  •                ·Obtention d’un pris pour les droits de l’homme a BREMAN (Almagne) en 1998
  •                 ·Invitation les six candidats aux élection présidentielle algérienne en 1999 au forum du RAJ.
  •              · Publication du journal de l’association (VIE-RAJ) :

§ Spéciale droits de l’homme § Spéciale droits de la femme Spéciale droits de l’enfant§ Spéciale octobre 1988 § Spéciale paix aujourd’hui, droits pour toujours

( 5 septembre, 2008 )

Hakim Addad. Secrétaire général de Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ

 Les jeunes croient moins au changement pacifique »  Hakim Addad. Secrétaire général de Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ e907f68bf77b190c10766ab96d659da1
 Le Raj compte-t-il reprendre ses activités ?
 Il n’a jamais cessé ses activités. Les comités des villes et universités sont organisés régulièrement, notamment au centre et à l’est du pays. Principalement dans les universités. Il est vrai que le manque de moyens financiers et les graves restrictions aux droits de réunion ont quelque peu freiné l’organisation de grandes manifestations, mais nous sommes toujours là.
 L’association RAJ est née dans le sillage des événements d’octobre 88. qu’est-il resté de l’esprit d’octobre ?
 Beaucoup ne se souviennent plus de ces évènements qui ont failli changer l’Algérie. Les années de braise ont fait passer au second plan les acquis d’octobre. Par la politique, toujours en place, les espoirs nés d’après octobre 88 se sont, pour beaucoup, transformés en désenchantements. Cela étant, il reste quelques inconditionnels, tels que les « en-RAJ-és » qui continuent d’essayer, bon an mal an, sans revenir sur toutes les difficultés rencontrées, pour que le sillon tracé en octobre 88 continue d’exister. Nous sommes à la veille du 20e anniversaire, nous lançons un appel notamment à la presse pour que le mois d’octobre prochain soit une date de recueillement et de reconnaissance en mémoire de ceux qui nous ont permis, par leur lutte, d’exister aujourd’hui et de crier à ceux qui gouvernent le pays aujourd’hui que l’esprit d’octobre est encore là.
 On a l’impression que le mouvement associatif s’est quelque peu essoufflé, cela s’en ressent-il au RAj ?
 Rien qu’en adhérant à l’association, ils démontrent, si ce n’est l’espoir, au moins une volonté de changement. Les jeunes, en général, croient moins à la classe politique et, malheureusement, au changement pacifique. Le Raj essaye d’être à contre-courant de cet état d’esprit. Aujourd’hui, on adhère de moins en moins à tout ce qui est politique et associatif, au Raj ou ailleurs. Il y a néanmoins une demande en particulier dans le milieu estudiantin. Je dois dire qu’il faut tirer chapeau à ces jeunes qui adhérent encore aux associations. Pour des raisons politiques, sécuritaires et sociales, il n’est pas facile de s’engager dans des mouvements associatifs. Ce sont des personnes qui n’ont pas choisi l’individualisme.
 Quel regard portez-vous sur la jeunesse ?
 C’est un regard de désolation de voir où l’a menée la politique ou « non-politique » du système actuel. Ces jeunes qui ont montré, au début des années 2000, leur s torses sur lesquels ils avaient inscrit : « Tirez-moi dessus, je suis déjà mort », ou ceux qui traversent les mers à leurs risques et périls prouvent, si besoin est, l’échec des politiques menées jusque-là, et ce malgré des caisses pleines. Il faut, à mon avis, saluer les jeunes algériens, qui malgré les difficultés, font de leur mieux pour aller de l’avant et beaucoup y arrivent, qu’importe les voies et moyens.
 Il y a aujourd’hui « deux jeunesses » et le fossé se creuse davantage, comment expliquez-vous ce clivage ?
 Il y a d’abord un fossé géographique. Les uns ne connaissent pas les autres mais, dans le même temps, ils sont sur le même bateau. Leurs rêves sont les identiques : un avenir un tant soit peu meilleur de préférence dans leur pays. Lorsque des jeunes passent en voiture à vive allure, c’est aussi l’expression d’une forme de violence, même si, dit-on, c’est le propre de la jeunesse que d’adopter ce genre de comportement. Certes, la frustration génère la violence, mais une émeute nationale ne profitera à personne. Je ne pense pas qu’il faille montrer du doigt cette catégorie qui se pavane dans de grosses bagnoles. A mon avis, il faut aller vers eux, les sensibiliser et travailler ensemble pour des lendemains meilleurs. La déliquescence de toute la société, notamment l’école et la famille, et l’absence de référent font que la société flotte. Il n’y a rien à quoi ils peuvent s’accrocher.
 Ressentez-vous notamment chez les adhérents de l’association une volonté de changer les choses ?
 La volonté est là mais pas les moyens de s’en sortir. Ils ont l’air d’avoir perdu le sens de l’effort. Il est nécessaire de combler le fossé entre ces deux classes de jeunes. A travers une politique d’investissement et de création d’emploi, on permettra un retour de confiance entre la population et ses responsables. Mais les jeunes aussi doivent se retrousser les manches. Il est inutile de passer son temps à se plaindre, aussi légitimes soient les doléances, ou de déclencher des émeutes dont, le plus souvent, ils payeront le tribut leurs familles et eux-mêmes. Il faut adopter des modes de revendication pacifiques et constructifs. 
Par Amel Blidi 

( 5 septembre, 2008 )

Des manifestants bastonnés par la police

« on est prêt à aller en prison »

Au bout d’une quinzaine de minutes, ils repoussent les syndicalistes jusqu’à la Grande Poste, opérant au passage quelques arrestations. Sept en tout, affirme un syndicaliste. Les manifestants réclament ainsi leur libération. Un officier de police les rassure que toutes les personnes arrêtées seront libérées dès que tout le monde rentrera chez-soi, les sommant ainsi de quitter les lieux, sous prétexte qu’ils obstruent la voie publique. Les menaces de cet officier n’ont pas dissuadé les manifestants qui tentent toujours de se rassembler, cette fois-ci, devant la Grande Poste. En vain. Trois policiers entrent au milieu de la foule et traînent Nouar Larbi du Cnapest par sa veste. La tension monte. Ses collègues le suivent et exigent qu’il soit immédiatement libéré. Réclamation entendue : M.Nouar a été relâché. Et il reprend sa place parmi les manifestants qui exhibent à nouveau des pancartes sur lesquelles on peut lire entre autres : « Nous réclamons l’intégration des vacataires ». Mais encore une fois, des policiers en civil interviennent et arrachent les pancartes aux manifestants qui ne peuvent plus rien face à ce bouclier antiémeute. « On a réussi à briser le mur de la peur », lâche Smaïn Hadjih, secrétaire général du Syndicat national des professeurs de l’enseignement paramédical (SNPEM). Rappelant les revendications légitimes des travailleurs ainsi que leur droit à la grève constitutionnellement reconnu, il indique n’avoir pas peur de la matraque ni même de la prison. « On est prêt à aller en prison, s’il le faut, pour arracher nos droits », soutient-il, remerciant tous ceux qui leur ont apporté leur soutien dont des militants des droits de l’homme et des partis politiques de l’opposition comme le FFS et le RCD

( 5 septembre, 2008 )

Mehri dénonce «le complexe de la ligne bleue

Quelle appréciation faites-vous du FLN d’aujourd’hui?
Après son passage éprouvant par le carcan du parti unique, le FLN n’a pas encore renoué, clairement et solidement, avec sa véritable mission historique. Cette mission, telle que définie par la déclaration du 1er Novembre, ne peut être réduite à un attachement affectif au passé glorieux du FLN. Elle doit s’articuler autour de son projet politique global qui demeure, de mon point de vue, toujours d’actualité. Cette mission est, évidemment, très difficile à assumer parce qu’elle est à l’antipode du pouvoir actuel qui est décidé à maintenir très visible le sigle FLN dans sa vitrine.

Quelle est votre relation avec le parti? Etes-vous sollicité, consulté par la direction actuelle?
Le FLN, tel que je le conçois, est toujours ma famille politique. Je suis, naturellement, attaché à son histoire et à son expérience formidable de lutte pour la Libération nationale. Je reste, aussi, fermement attaché à son projet de construction d’un Etat démocratique et à la réalisation de l’union des pays maghrébins. Ces grandes tâches inscrites dans l’appel du 1er Novembre et réaffirmées dans la plate-forme de la Soummam, demeurent, de mon point de vue, plus que jamais d’actualité. Elles méritent, de la part des militants conséquents du FLN, un engagement sans faille. Par ailleurs, je reste en contact avec de nombreux militants FLN, à différents niveaux de responsabilité. Mes relations avec la direction actuelle sont empreintes de respect mutuel. A l’évidence, nous ne partageons pas la même vision quant à la mission actuelle du FLN. L’absence de consultations découle d’une conviction (partagée?) que nos divergences ne peuvent trouver leur solution, uniquement, dans le cadre interne du parti.

Des anciens cadres du FLN estiment que le parti n’a jamais eu le pouvoir. Bien au contraire, le pouvoir a de tout temps fait de l’ex-parti unique «un bouc émissaire» ou le souffre-douleur, partagez-vous cette vision?
De nombreux militants, encore en activité, partagent également cette opinion. Mes réponses aux questions précédentes vont dans le même sens.

En 2004, vous avez envoyé un mémorandum au président Abdelaziz Bouteflika dans lequel vous avez défini les maux de la sphère politique nationale. Vous avez émis des propositions, suggéré des solutions. Avez-vous le sentiment que vos messages ont été bel et bien entendus?
Le mémorandum auquel vous faites allusion, est envoyé, par respect, à Monsieur le Président de la République, le frère Abdelaziz Bouteflika. Mais il ne s’adresse pas uniquement à lui. Les destinataires visés ou intéressés sont multiples. Pour répondre franchement à votre question, et à moins que mon sens de l’observation ne m’ait fait défaut, je n’ai pas le sentiment d’avoir été entendu. J’ajouterais que lors de la rédaction de cet écrit, je ne me faisais pas beaucoup d’illusions sur ses retombées concrètes. Mais je ne doutais pas, non plus, de sa nécessité et de son utilité.

Vous avez lancé, en coordination avec MM.Mouloud Hamrouche et Hocine Aït Ahmed, une initiative de sortie de crise. L’opinion publique s’interroge sur la suite donnée à cette démarche.
La déclaration que vous évoquez ne constitue pas, dans l’esprit de ses promoteurs, une initiative politique ficelée, dans le sens qu’on attache actuellement à cette expression. Mais c’est plutôt un appel à une conjonction d’initiatives. L’esprit qui a présidé à sa rédaction va dans le sens de l’ouverture et non dans celui de l’exclusion ou du positionnement. Les échos qui nous sont parvenus à son sujet sont, généralement, favorables. Beaucoup souhaitent une suite plus concrète à cette démarche. Ce qui est logique et intéressant de mon point de vue.

Mehri est sorti de son mutisme le 3 janvier dernier pour défendre, dans une contribution publiée par la presse nationale, la thèse selon laquelle la prolongation ou non du mandat du Président, sans changement radical du système de pouvoir, conduit le pays aux mêmes résultats. Autant dire que la situation n’est pas encore propice pour réviser le texte fondamental?
Le pouvoir actuel, en tant que système de gouvernement, a fait son temps. Son architecture et son fonctionnement tendent à éviter ou limiter la démocratie et non de la construire. L’expérience de son changement démocratique et pacifique, commencée à la fin des années quatre-vingt, a malheureusement échoué. La crise profonde et multiforme que vit notre pays, à la suite de cet échec, dure depuis 18 ans. Plus que le double, en durée, de la guerre de Libération nationale. Cette crise n’a pas supprimé la nécessité de changement. Elle l’a rendue encore plus impérieuse et plus difficile à gérer. C’est faire preuve de grande légèreté, que de présenter la prolongation du mandat présidentiel comme la solution aux problèmes majeurs de notre pays, et le moyen adéquat d’assurer la continuité de l’Etat. Rappeler les mérites, les qualités et les compétences du Président de la République, et ils sont réels, pour justifier cette démarche n’est pas convaincant. Le projet de troisième mandat me paraît plutôt comme une tentative risquée de masquer l’impasse à laquelle se heurte la gestion administrative et sécuritaire de la sphère politique. Gestion qui a émoussé et neutralisé tous les mécanismes de fonctionnement et d’alternative démocratiques. Une autre question se pose dès maintenant. Si le pays continue à être géré de la même façon, dans quelle situation va-t-il se trouver à la fin du troisième mandat? La révision de la Constitution, en l’occurrence, est une question subsidiaire. Elle découle du projet politique proposé. Si on s’inscrit dans la perspective d’un véritable changement démocratique et consensuel, c’est une refonte profonde de la Constitution qui s’impose. J’ajoute que le processus d’élaboration et d’adoption d’un texte constitutionnel est aussi important que son contenu. La Constitution de 1989, dont j’approuvais l’orientation générale, a péché, à mon sens, par son processus d’élaboration et d’adoption. On a raté, je le crois, l’occasion d’un véritable débat politique préalable à sa rédaction et l’implication, pour son adoption, d’une représentation populaire large et authentique. Cette manière d’introduire la Constitution de 1989, pourtant riche en promesses de changement, a été un facteur de fragilité, largement exploité par la suite. Mon désaccord sur ce point avec l’environnement décisionnel, je l’ai expliqué directement au président Chadli Bendjedid. Quelques hauts responsables étaient également au courant de ma position.

Quelle appréciation, faites-vous, en tant qu’observateur, de la sphère politique nationale? Traduit-elle des difficultés objectives de l’action politique? Ou consacre-t-elle l’échec de la classe politique?
Pour vous répondre, je vais faire un parallèle simple entre l’économique et le politique. La gestion administrative de l’économie -même si cet argument est utilisé, par certains, pour justifier un libéralisme sauvage- est généralement considérée, aujourd’hui, comme un mode de gestion obsolète et inefficace. Les expériences de ce mode de gestion se sont soldées, dans différents pays, par des résultats négatifs chiffrables. La sphère politique et son principal outil, l’information, sont soumis, en Algérie, depuis des décennies, à une gestion administrative d’autant plus pesante qu’elle est occulte et donc non responsable. Quelles sont, aujourd’hui, les résultats de ce mode de gestion et à quelles conséquences a-t-il abouti? Dans ce cas, bien sûr, les résultats ne sont pas chiffrables. Mais les conséquences sont aussi graves et négatives que la gestion administrative de l’économie. En outre, la gestion administrative du politique accapare en grande partie la gestion de l’économique. La désolation que connaît la sphère politique algérienne est, essentiellement, la conséquence directe de ce mode de gestion. Le champ politique est jonché de victimes consentantes ou résignées. Les militants des partis politiques et des organisations sociales connaissent parfaitement cet état de choses. Ils constatent, désarmés, que la sphère politique est réduite, en dépit des qualités et des mérites des hommes qui s’y activent, à fonctionner comme un produit dérivé de la gestion administrative et non comme émanation de la dynamique sociale. Ils constatent aussi que cette sphère politique ne traduit pas les réalités de la société algérienne, ni ses capacités à s’imbriquer, positivement, dans l’action politique. Dans ces conditions, parler de l’échec de la classe politique revient à déplacer le problème. On ne peut porter un jugement valable sur la classe politique que lorsque celle-ci est l’émanation normale de la dynamique sociale.

L’Algérie a engagé depuis 10 ans des réformes dans plusieurs secteurs. Des centaines de milliards sont injectés dans différents projets. Mais le citoyen algérien peine à percevoir les fruits de ces réformes. Sur le terrain, l’on ressent un véritable malaise social. Comment expliquer ce paradoxe?
Je ne peux, évidemment, donner un avis sur les réformes entreprises dans les différents secteurs. D’autres Algériens, plus qualifiés et mieux informés, peuvent le faire plus valablement. Je tente simplement, en réponse à votre question, de situer le discours sur les réformes et l’action qu’il induirait, dans un contexte politique général, susceptible de fournir une grille de lecture et d’analyse. L’engouement velléitaire pour les réformes traduit le désir louable de hisser notre pays, dans tous les domaines, au niveau des pays développés. Mais les démarches pour concrétiser ces réformes sont dominées, plus ou moins, par ce qu’on peut appeler la mentalité de la ligne bleue. Par référence à la fameuse ligne tracée, presque par surprise, pour réglementer la circulation automobile sur les autoroutes de la capitale.
A l’origine, il y a l’intention louable de répondre à des nécessités de changement ou de réformes. Mais cette intention est vite limitée, déviée ou complètement annihilée par l’insuffisance ou l’absence totale de maturation politique et technique des projets. Le dialogue et le débat, instruments indispensables de cette maturation, étant considérés comme une perte de temps, on lui préfère le décret, la décision ou l’injonction par le haut qu’on croit plus efficaces. Cela rejoint la nature même du pouvoir politique. D’où l’incompréhension, le manque de motivation et la démobilisation de cadres compétents et d’un environnement susceptible de susciter l’adhésion et l’engagement. Il s’ensuit, évidemment, du malaise et de la déception.
Prenons un domaine que je connais un peu, comme parent et praticien, le secteur de l’éducation. Sans émettre un jugement définitif sur les réformes en cours, j’y relève, néanmoins, nombre d’indices de cette mentalité de ‘’ligne bleue’’. Ce qui m’amène à partager les inquiétudes fondées des éducateurs et des parents d’élèves, quant aux conséquences à moyen et à long termes de cette approche de réformes.

Que pensez-vous de la polémique sur l’évangélisation qui a pris de l’ampleur depuis le début de cette année?
Je suis évidemment peiné par cette polémique. Mais je pense qu’elle véhicule une part de manipulation dont le degré est difficile à déterminer. Nous savons tous, en effet, que la religion et l’information sont manipulées, quotidiennement, à des fins multiples. Si je m’en tiens aux informations et aux discours alarmistes développés sur le sujet, je dois en conclure que les Algériens, contrairement à leur comportement durant l’occupation française de leur pays, acceptent maintenant, facilement, de changer de religion.
Tout comme ils acceptent de tuer d’autres Algériens, d’être des kamikazes et des harragas. Alors, la question simple et grave qui se pose est: pourquoi ont-ils changé? Pourquoi sont-ils devenus ce qu’ils sont devenus? Il est très important, à mon avis, d’avoir le courage et la lucidité de chercher une réponse à cette question.

L’Algérie qui se targue d’avoir vaincu le terrorisme, peine à déraciner le mal de l’extrémisme, de l’avis même des autorités. Comment a-t-on pu arriver à cette situation? L’enfant-kamikaze traduit-il l’échec de la société civile face à ce fléau?
La réponse à ces questions passe par une définition claire et convenue des termes «terrorisme» et «extrémisme». L’entreprise, j’en conviens, n’est pas aisée. Le sujet a même fait l’objet d’un très vif échange entre la délégation du FLN et les membres du Haut Comité d’Etat lors d’une séance de Dialogue national en 1992.
Le HCE reprochait au FLN l’absence, dans ses prises de position politiques, de condamnation du terrorisme. La délégation du FLN a exhibé, à ce moment-là, la résolution adoptée par le Comité central réuni en session extraordinaire à Batna, en février 1992. Le texte de cette résolution stipule en effet: «…le Comité central, après avoir passé en revue les événements qui ont causé la mort de nombreux Algériens, se recueille devant la mémoire des victimes, condamne avec vigueur le recours à la violence et la menace d’y recourir, comme moyens d’action politique. Condamne l’extrémisme verbal qui fait le lit de la violence et prépare à sa banalisation…».
Le HCE estimait, malgré tout, que la condamnation n’est pas explicite tant que le mot «terrorisme» ne figure pas dans le texte. La délégation a expliqué que le FLN n’utilise pas ce terme parce qu’il est équivoque: «Nous étions tous, vous et nous, des terroristes dans le discours colonialiste. Le terroriste, dans la mémoire collective de notre peuple, est plutôt le militant d’une cause juste, Algérien ou Palestinien. Même au cinéma, Hassen Ettero est plutôt un personnage sympathique. Nous regrettons que le HCE ait fait sienne la terminologie de Sawt el Bilad et laissé la terminologie de la Révolution algérienne à ceux qu’il appelle terroristes.»
Mais tout cela nous éloigne, peut-être, de votre question, à laquelle je réponds ceci: les victoires, en politique sont, souvent, relatives. Mais les contours de la victoire revendiquée officiellement, contre la violence politique en Algérie, sont carrément flous.
Cela est dû à l’absence, et même au refus d’une réelle solution politique du phénomène de la violence, car feignant d’oublier que, même aveugle, la violence a toujours des racines politiques.
Quant à l’extrémisme, terme aussi équivoque que le terrorisme, c’est une notion relative. Mais comment définir les positions extrêmes en politique en l’absence d’une vie politique réelle, régulée par une dynamique sociale? Le kamikaze, phénomène inconnu même durant la résistance à l’occupation étrangère, est certainement le symbole d’un échec. Echec de la société civile, mais aussi échec de la société politique, muselées, l’une et l’autre, par une gestion administrative et sécuritaire occulte et non responsable.

Le président français Nicolas Sarkozy a souhaité la présence du président Abdelaziz Bouteflika au Sommet de la francophonie. L’occasion de rebondir sur les relations algéro-françaises. Comment les jugez-vous? Seront-elles plus pragmatiques sous l’ère de Sarkozy?
Je comprends parfaitement que le président français, ou simplement le citoyen français, souhaite la présence du Président Bouteflika au Sommet de la francophonie. Je ne suis pas sûr que beaucoup de Français comprennent que le peuple algérien ne souhaite pas cette présence. Cela illustre toute la distance qui nous sépare de la notion de réciprocité et d’équilibre qui constitue le socle des relations entre les peuples. Ce déficit n’est pas dû, uniquement, à des facteurs objectifs. Il est aussi le résultat d’une conception à sens unique, toujours dominante en France, des relations entre les peuples, cultures et civilisations. Dans l’élan des Accords d’Evian, et en guise de préambule au protocole de la coopération culturelle et scientifique, la France et l’Algérie ont pris l’engagement, pour que chaque partie enseigne la langue et la civilisation de l’autre. L’Algérie a largement honoré son engagement. La langue française est, aujourd’hui, plus répandue dans la société algérienne qu’au temps de l’occupation française.
La politique suivie en France à l’égard de l’enseignement de la langue arabe, depuis l’Indépendance de notre pays, a été exactement à l’opposé de son engagement. En simplifiant, cela veut dire ceci: vous avez besoin de notre langue, vous devez donc nous comprendre. Nous n’avons pas besoin de l’arabe, donc, nous ne sentons pas la nécessité de vous comprendre. Sinon, nous le faisons à travers notre propre langue. Mais la francophonie se situe en dehors de cet aspect des relations bilatérales algéro-françaises. Elle est le condensé de la politique de la France pour la défense et l’expansion de la langue française dans le monde.
A travers la francophonie, la France s’est dotée d’une stratégie pour prendre part à ce qu’on appelle «la bataille des langues».
Logiquement, l’Algérie n’est pas concernée par cette bataille ou alors elle est concernée autrement. Politiquement, l’Algérie, qui a connu, durant plus d’un siècle une francisation forcée, ne peut cautionner la stratégie de la France dans cette bataille.
Ce qui précède démontre, amplement, que les relations franco-algériennes sont complexes par nature et chaotiques au niveau de la gestion.
Je ne peux juger ni prévoir, comment la partie française envisage leur développement ou leur gestion. Mais je crois que l’Algérie doit consentir des efforts soutenus pour leur approfondissement et leur rationalisation. Les relations entre les peuples ne sont pas le produit d’une fatalité qui dépasse l’imagination et l’intelligence des hommes.
N’oublions pas qu’aux pires moments de la Guerre d’Algérie, la Révolution algérienne a toujours fait la distinction entre le peuple français et le régime colonial. Mais n’oublions pas, également, que le rejet vigoureux des relents du colonialisme est le chemin le plus sûr des relations saines et fécondes avec le peuple français.

Le Maroc intensifie ces derniers mois ses appels pour la normalisation de ses relations bilatérales avec l’Algérie. Une normalisation qui, de son avis, passe inéluctablement par l’ouverture des frontières. Quelle lecture faites-vous de ce message?
Je ne peux que souhaiter la normalisation des relations entre l’Algérie et le Maroc. Ce souhait est partagé, j’en suis persuadé, par les peuples marocain et algérien. Leur intérêt, bien compris, le commande. Ce message, quelles que soient les intentions de ses auteurs, s’inscrit dans la bonne direction. La situation de blocage de ce dossier est malsaine. La responsabilité en incombe aux deux parties. Je suis persuadé qu’un fonctionnement démocratique des institutions des deux pays aurait pu éviter les situations de blocage et régler les problèmes objectifs qui peuvent surgir entre les deux pays. J’espère que le cinquantenaire de la Conférence de Tanger donnera le départ d’un véritable renouveau des relations entre le Maroc et l’Algérie.

Entretien réalisé par Achira MAMMERI

( 5 septembre, 2008 )

L’Algérie épinglée sur la question des femmes et de l’impunité

Ainsi, après dix-huit jours d’examen des rapports de 8 pays, dont l’Algérie, le comité contre la torture, dépendant du Haut commissariat aux droits de l’homme de Genève a achevé vendredi ses travaux, avec l’adoption de plusieurs observations et recommandations pour l’ensemble des pays, inscrits à l’ordre de cette 41e session et qui sont : l’Australie, la Suède, le Costa Rica, l’Indonésie, la Macédoine (ex-République yougoslave), la Zambie et l’Islande. L’Algérie, dont le rapport périodique (le 3e) a été examiné les 2 et 5 mai (avec 8 années de retard), s’est vue notifier une série d’observations sur de nombreux points, même si des « aspects positifs » ont été néanmoins relevés. Le comité s’est d’abord dit préoccupé par la définition « peu spécifique » du terrorisme en notant que ce dernier « ne devrait pas conduire à des interprétations permettant de réprimer, sous le couvert d’actes terroristes, l’expression légitime des droits consacrés par le Pacte relatif aux droits civils et politiques ». Dans ce cadre, il s’est déclaré « préoccupé » par le maintien de l’état d’urgence depuis 1992, mais également par « l’impunité dont bénéficient les groupes armés et les agents de l’Etat, de l’absence d’enquêtes s’agissant des 4000 à 7000 personnes disparues depuis les années 1990 ». A ce sujet, le comité, tout en prenant acte de la reconnaissance par l’Algérie de la disparition forcée de milliers de personnes, il note néanmoins que les chiffres avancés par le gouvernement dans le cadre du recensement des personnes disparues varient entre 4000 et 7000 personnes. De ce fait, il a réitéré son souhait que l’Algérie lui communique « dans les meilleurs délais » la liste des personnes disparues recensées.
Des milliers de femmes violées

En outre, le comité a exprimé son inquiétude face « aux violences, notamment les violences d’ordre sexuel, perpétrées contre des femmes pendant cette période et demeurées impunies ». Le comité a affirmé avoir reçu des informations faisant état de plusieurs milliers de cas de femmes victimes de viols par des membres des groupes armés en l’absence d’enquêtes, dont les dernières, les poursuites et les condamnations des auteurs pour motif de viol sont absentes, tout comme d’ailleurs il a constaté l’inexistence d’indemnisation et de réadaptation médicale, psychologique et sociale des victimes de ces actes. Tout en prenant note des révisions du code de procédure pénale, le comité a par ailleurs exprimé son inquiétude face aux informations qu’il a reçues, « selon lesquelles la durée légale de la garde à vue (jusqu’à 12 jours) peut être prolongée dans les faits à plusieurs reprises ». De même qu’il s’est dit « inquiet » à propos des « allégations faisant état de l’existence de centres secrets de détention qui échapperaient au contrôle judiciaire, et de l’absence d’informations indiquant que l’autorité judiciaire compétente ait pris des mesures visant à enquêter sur ces allégations ». A propos de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), le comité a estimé préoccupant le manque d’informations disponibles concernant les travaux de cet organisme, et le fait que les membres de ce dernier soient désignés par décret présidentiel. Le comité a déclaré avoir « pris note » que l’ordonnance nº06-01 portant mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale prévoit une amnistie pour les membres des groupes armés et les agents de l’Etat.
Des dispositions non conformes

Pour ce qui est des membres des groupes armés qui ont bénéficié de l’extinction des poursuites ou d’une diminution de peine, le comité a estimé que « ces dispositions ne sont pas conformes à l’obligation de tout Etat partie de procéder à une enquête impartiale chaque fois qu’il y a des motifs raisonnables de croire qu’un acte de torture a été commis sur tout le territoire de sa juridiction, de poursuivre les auteurs de ces actes et d’indemniser les victimes ». Face à cette situation, le comité a appelé l’Algérie à collaborer avec les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme et à autoriser la visite du rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, celle du rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, celle du groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, et celle du rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste. Le comité a en outre relevé des aspects positifs dans le troisième rapport de l’Algérie, examiné lors de cette session. Il s’agit de l’introduction au code pénal de la criminalisation de la torture, la signature de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et le moratoire sur la peine de mort déclaré dans l’Etat partie depuis 1993. Le comité s’est déclaré également « réjoui » de l’engagement de l’Algérie pour la « réconciliation nationale ainsi que des déclarations selon lesquelles elle entend continuer à améliorer la promotion et la protection des droits de l’homme ». A signaler enfin que l’Algérie doit présenter au comité son quatrième rapport au plus tard en juin 2012.

Salima Tlemçani

( 5 septembre, 2008 )

L’Université algérienne en butte à de multiples difficultés

20. mai 2008

Quel objectif pour les assises nationales de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, dont les travaux ont été ouverts hier à Alger sous le haut patronage du président Bouteflika ? Détermineront-elles le mal profond dont souffre l’université algérienne ? Ces recommandations seront-elles prises en considération pour améliorer la qualité de l’enseignement qui va, de l’avis des observateurs, de mal en pis ? En tout cas, le diagnostic s’impose et les remèdes aussi. Au-delà des chiffres officiels glorifiant les réalisations dans le domaine, les faits sont édifiants. L’université peine à atteindre le niveau requis. Que ce soit sur le plan régional et encore moins sur le plan international, l’université algérienne occupe toujours la queue du classement. La meilleure université algérienne, en l’occurrence celle de Tlemcen, occupe la 39e place sur le plan africain, loin derrière les universités marocaines, tunisiennes, égyptiennes et sénégalaises… Au classement international, la situation est plus grave. Sur un total de 7000 universités classées en 2007, celle de Tlemcen ne réussit qu’une piètre prestation en occupant seulement la 6995e place. Ce n’est pas réjouissant. Cette situation est le résultat des réformes mal pensées ou de leur mauvaise application sur le terrain. Pour certains sociologues, le marasme de l’université algérienne a pour origine la mauvaise application de la réforme introduite en 1971, ayant pour but de garantir l’accès à l’enseignement supérieur à tous les Algériens. Trente-sept ans après, on n’a pas avancé d’un iota. L’université algérienne forme aujourd’hui des candidats au chômage. Plus de 120 000 diplômés, selon des chiffres officiels, quittent l’université sans avoir les acquis nécessaires leur permettant d’avoir de réelles chances d’insertion dans le monde du travail. Sur ce nombre, seulement 12% réussissent à avoir des postes d’emploi. Ce qui renseigne sur la qualité de l’enseignement et l’absence d’encadrement dans nos universités. Malgré les efforts consentis pour augmenter le nombre d’infrastructures (60 établissements d’enseignement supérieur, dont 27 universités en 2007), le gouvernement n’accorde pas beaucoup d’importance aux ressources humaines. Pour les 1,4 million d’étudiants inscrits en 2007-2008, il n’y a que 27 500 enseignants, dont 15% de rang magistral. Résultat : des amphithéâtres surchargés et un enseignement de très mauvaise qualité. En plus du manque d’encadrement, les étudiants algériens souffrent aussi de mauvaises conditions d’accueil au niveau des cités universitaires (hébergement et restauration), alors que la bourse (900 DA/mois) qui leur a été accordée n’a pas évolué depuis les années 1990. Ce qui est à l’origine des mécontentements et des incidents enregistrés au niveau de plusieurs cités universitaires. La gestion de l’université par l’administration est également, expliquent des sociologues, un des éléments ayant conduit à cette régression. « Le plus grand malheur de l’université lui vient du fait qu’elle n’est pas gérée par des universitaires. L’université ne peut pas fonctionner avec une structure autoritaire, pyramidale, hiérarchique », explique-t-on. « Le nouveau rapport des forces, favorable à l’appareil administratif, fait qu’il y a actuellement un accaparement de la gestion administrative et pédagogique des cursus des étudiants, favorisé par l’importance des flux d’étudiants, la désorganisation et la marginalisation du corps enseignant », ajoute-t-on. A ces problèmes s’ajoute celui de la multiplication des réformes, souvent contestées à la fois par les enseignants et leurs étudiants. Y a-t-il une volonté de redresser la barre ou faut-il boire le calice jusqu’à la lie ?

 

Madjid Makedhi

Elwatan le 20 mai 2008

( 5 septembre, 2008 )

Internet : le monde de tous les combats et de tous les changements

L’auteur est : Chercheur économiste au Cread

 

Aziz Nafa

( 5 septembre, 2008 )

Rapport alternatif du Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie

Malgré la réforme du Code de procédure pénale qui aurait dû garantir un meilleur respect des droits de la personne humaine, les dispositions visant à garantir les droits des prévenus ne sont pas mis en oeuvre dans la pratique, en particulier par le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), dit la « Sécurité militaire ». Le non respect des dispositions du Code de procédure pénale n’est sanctionné par aucun mécanisme étatique. Alors que la pratique de la torture persiste, les milliers de cas de disparitions de personnes arrêtées par des agents des forces de l’ordre n’ont pas été résolus et les droits des victimes sont toujours ignorés.

Des personnes soupçonnées d’actes terroristes sont gardées au secret pendant parfois plusieurs années, d’autres sont détenues arbitrairement, en violation flagrante du principe de la présomption d’innocence.

En dépit de la réforme de la justice de 2006, la justice algérienne reste soumise aux interférences de l’Exécutif et de l’Armée. En pratique, la réforme a eu très peu d’impact.

L’interférence en particulier du ministère de la Défense1 dans le travail des magistrats reste très répandue. Dans les faits, la majorité des magistrats ne remplissent pas leur rôle de protection de la société algérienne par rapport aux excès de pouvoir de l’Exécutif et de l’Armée. Quiconque porte plainte pour torture, détention arbitraire ou disparition forcée est débouté, reçoit un non-lieu ou encore ne voit pas sa plainte instruite.

Le maintien de l’état d’urgence depuis 15 ans sans interruption ne peut qu’encourager la situation de non-droit qui prévaut. Le CFDA considère que la lutte
contre le terrorisme, pour nécessaire qu’elle soit, doit se faire dans
le respect des droits de l’Homme et des dispositions de la Convention
contre la Torture.

Alors que l’article 92 de la Constitution de 1996 prévoit que « l’organisation de l’état d’urgence et de l’état de siège [soit] fixée par une loi organique »,
l’Etat algérien n’a jamais adopté une telle loi depuis l’instauration
de l’état d’urgence en 1992.

De même, l’article 91 de la Constitution prévoit que « le président de la République décrète l’état d’urgence ou l’état de siège pour une durée déterminée et prend toutes les mesures nécessaires au rétablissement de la situation. La durée de l’état d’urgence ou de l’état de siège ne peut être prorogée qu’après approbation du Parlement siégeant en Chambres réunies ». Or sa reconduction en 1993 pour une durée indéterminée n’a jamais fait l’objet d’un débat, ni d’une décision du Parlement siégeant en chambres réunies. Par conséquent, n’ayant pas été légalement prorogé, le maintien de l’état d’urgence contrevient aux dispositions précitées de la Constitution algérienne. L’état d’urgence est donc maintenu illégalement et conforté, par le contexte international de lutte contre le terrorisme, favorise la persistance des violations des droits de l’Homme. Les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence n’ont pas été encadrées par les garanties propre à assurer le respect des droits de l’Homme.

( 5 septembre, 2008 )

Algérie; 16 jeunes harraga secourrus

( 5 septembre, 2008 )

RAJ : « Le rôle de la jeunesse dans la construction démocratique »

Dans le cadre de la célébration du 46ème anniversaire de l’Indépendance et de la Journée nationale de la Jeunesse qui se déroule le 5 juillet de chaque année, le comité d’Aït Smaïl de l’association nationale de jeunes Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) a organisé jeudi 3 juillet 2008 une conférence débat sur « le rôle de la jeunesse dans la construction démocratique », introduite par monsieur Djamel BAHLOUL, enseignant en droit à l’université de Béjaia.
Le conférencier a d’abord proposé un aperçu du rôle que la jeunesse a joué durant le mouvement national de libération. « On ne peut pas parler de la jeunesse algérienne sans la situer dans le temps, notamment la période coloniale, durant laquelle le peuple algérien et maghrébin en général était dépossédé de ses droits les plus élémentaires, et où cette population juvénile a pris courageusement les devants pour sortir le mouvement national de l’impasse : c’est d’abord elle qui a déclenché et encadré une révolution portée par les valeurs modernes de liberté, de démocratie et de défense des droits de la personne humaine, forçant l’admiration, suscitant dans le monde l’espoir d’un ordre nouveau qui libère l’homme de toute les formes d’asservissement et lui restitue sa liberté », a déclaré le conférencier.
Djamel BAHLOUL a ensuite évoqué les sacrifices de cette population juvénile après l’Indépendance : pour la démocratisation de l’Algérie durant les évènements du printemps berbère en avril 1980 puis au cours des évènements du 5 octobre 1988 qui ont poussé le régime à accepter le pluralisme politique et médiatique, pluralisme consacré par la nouvelle constitution entérinée par un référendum juste après les événements.
Malheureusement, a-t-il ajouté, contrairement aux dirigeants des pays occidentaux qui portent intérêt à ce potentiel humain, comme en témoignent leur prise de mesures concrètes pour la protection des jeunes ou leur donnant les moyens de s’organiser et de se préparer à prendre le destin et l’avenir de leurs pays en main, l’élite dirigeante de l’Algérie ignore ce potentiel humain qui a la capacité de participer pleinement au développement de son pays. Les élites algériennes ont préféré privilégier le développement de richesses rentables qui disparaissent, au détriment de la richesse humaine génératrice et créatrice de moyens de long terme, à même de contribuer à l’essor de la nation.
Cette population juvénile, majoritaire démographiquement mais minoritaire en termes de représentativité, qui représente plus de 70% de la population, vit ainsi dans l’impasse, sans avenir, sans perspectives et sans protection sociale. Chômage, dégradation du pouvoir d’achat, déperdition scolaire et analphabétisme chronique, éclatement de la cellule familiale, mal vie, corruption, bureaucratie, l’injustice sociale… Tous ces fléaux qui atteignent la jeunesse algérienne sont dus à l’absence de politique de prise en charge par les gouvernants. Les jeunes, eux, ne croient plus aux discours populistes électoralistes et à l’égalité de chances. Chez eux, le sentiment de l’injustice s’est étendu.
Les jeunes, lycéens, étudiants, chômeurs, travailleurs n’ont trouvé de ce fait que la rue pour exprimer leurs ras-le-bol. La réaction fréquente du pouvoir : réprimer et tabasser… comme lors des événements d’avril 1980, ou le 5 octobre 1988, ou lors du mouvement citoyen de 2001 et d‘autres mouvements de protestation encore aux quatre coins du pays, évènements au cours desquels les jeunes Algériens ont envahi les rues dans les différentes régions d’un pays SOLIDAIRE ET UNANIME pour revendiquer avec eux la justice, crier haut et fort le refus des inégalités, exprimer le ras-le-bol du mépris et des privilèges partagés par une minorité, protester contre l’absence des libertés.
Face a cette situation explosive, le pouvoir n’a pas essayé de faire un diagnostic, ni d’en chercher les causes ou de s’attaquer aux problèmes à la racine. Il a opté au contraire pour des réformes de pure forme, mal conçues, mal expliquées et rejetées par une population qui a besoin des réformes de fond, faites dans la démocratie et le respect des libertés, de toute les libertés.
Ce marasme social a poussé les jeunes à la dérive, vers la débauche, la drogue, ou à embrasser le suicide sous formes des phénomènes de HARRAGA et de KAMIKAZES.
Ces dernières années, le phénomène de l’émigration clandestine et de ses harraga a pris de l’ampleur dans les pays africains. Les chroniques à la une des journaux rapportent en continu la fin souvent tragique de ces candidats à l’émigration clandestine vers l’Europe.
Ces jeunes désespérés tentent, souvent au péril de leur vie, de rejoindre l’autre rive en espérant à un avenir meilleur… alors que l’Algérie dispose chez elle de toutes les richesses pour vaincre la pauvreté et offrir ainsi un cadre de vie digne à ses enfants.
Il ne se passe pas une semaine sans que les flots ne rejettent le long des côtes algériennes des cadavres de candidats à l’émigration noyés dans les eaux de l’Atlantique et de la Méditerranée, tandis que des centaines d’autres sont sauvés par les forces navales.
Des chiffres font peur :
En 2006, quelques 7000 émigrants clandestins africains de divers pays seraient morts durant leurs tentatives de joindre l’Occident (source : sene web et ALCEC).
L’archipel espagnol des Canaries a reçu au total, depuis le début de l’année, quelque 19 000 immigrés clandestins, soit quatre fois plus que durant toute l’année dernière (4750). Ce chiffre ne tient pas compte des cadavres retrouvés ou disparus à la suite des naufrages.
En Algérie, de janvier à septembre 2007, 1518 candidats à l`émigration clandestine ont été sauvées par les forces navales (source : gardes-côtes algériens).
Selon l’enquête faite par la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH), des milliers de jeunes HARRAGA réchappés de la mort soufrent dans des centres de d’internement en Libye ou dans des prisons tunisiennes qui font le sale boulot au profil de l’Union Européenne. Des centaines de familles n’ont plus de nouvelles de leurs enfants disparus.
Malheureusement, l’Algérie a participé dans ce sale boubou en créant elle aussi des centres d’internement pour les immigrants subsahariens.
Faut-il rappeler que du point de vu du droit international, ce qui est criminel, ce n’est pas le fait pour un individu d’émigrer, c’est le fait pour une autorité publique de tenter de l’en empêcher. La déclaration universelle des droits de l’homme proclame en effet le « droit de quitter tout pays, y compris le sien ».
Aussi une frange la plus marginalisée et la plus sensible de la jeunesse a vu dans l’islamisme intégriste un moyen pour contester l’hégémonie de l’élite dirigeante et de lui disputer le contrôle qu’elle exerce sur les ressources économiques. Cela a poussé ces jeunes à être manipulés, à accepter de devenir des bombes, des kamikazes qui se font exploser et emmènent avec eux des vies innocentes.
Les retombées négatives de cette donne socioéconomique et politique sur le développement d’une société complète ont paralysé la jeunesse entière, cette jeunesse majoritaire démographiquement et minoritaire en termes de représentativité. Cette jeunesse dont on constate l’éloignement de l’exercice politique, la baisse des adhésions dans les organisations, associations, syndicats et partis, ainsi que la forte abstention aux élections.
En conclusion, le conférencier a interpellé les jeunes : « Notre conscience à nous tous est interpellée. La situation actuelle nous impose à nous, cette génération poste-Indépendance mûrissant aux côtés de nos aînés encore vivants, de ne pas rester les bras croisés, de prendre conscience des évènements, du temps de l’histoire, de nous impliquer avec nos idées et de les transformer en actions sur le terrain, donc de militer.
Militer pour la démocratie et pour les droits de l’homme est un devoir qui s’impose à nous de lui-même. En ce domaine, à chacun son idéologie, sa manière et sa pédagogie ! Mais il faut s’impliquer dans le champ politique, ce qui veut dire adhérer dans des associations de jeunes, de femmes, des syndicats ou des partis politiques, afin de proposer et d’imposer aux gouvernants actuels des réformes qui répondent aux aspirations de cette population juvénile et lui permettent de jouer son rôle dans le développement durable de leur nation. »
FERSAOUI A/LOUHAB

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