( 4 mars, 2010 )

 

Dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la femme qui coïncide avec le 8 mars,  le RAJ, Comité d’Aït Smaïl organise une série d’activités en hommage aux jeunes femmes victimes de violence, dédiée à la défunte Sonia IDIR, âgée de 15 ans, assassinée le 26 avril 2009 à la sortie de l’école.

Programme (Vendredi 5 mars 2010)

·        09h : 30 mn :

                                                              i.      Ouverture de l’exposition d’articles et dessins

                                                           ii.      Exhibition des équipes féminines du karaté do et Yosei Kan Budo

·        10h : 30 mn : Projection d’un Film documentaire sur la violence faite

                                            aux Jeunes femmes suivi d’un débat.

·        12h : 00 mn : Dépôt de gerbe de fleurs à la mémoire de la défunte                             Sonia Idir au Cimetière

·        14h :00 mn : Table ronde sur « la violence subit par les filles dans les

milieux scolaires », animée par les lycéens (es), des enseignants, directeurs    d’écoles, représentants du monde associatif, parents des élèves, élus, sociologues, psychologues …

·        16h : 00 mn : Présentation chorale

·        16h : 20 mn : Présentation théâtrale

·        17h : 00 mn : Clôture et remise des pris aux meilleures filles du CEM et lycée         et aux équipe féminine du Yosei Kan Budo et Karaté Do

Plus puissant que la violence, le respect

أكثر قوة من العنف , الاحترام

 


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( 13 février, 2010 )

PORTO ALEGRE DOIT VIVRE : Un nouveau monde est possible

Davos, les riches ont d’abord parlé de leurs affaires

«Celui qui pense qu’il est trop petit pour avoir de l’influence n’a jamais dormi avec un moustique».Proverbe africain

Davos: un nom qui signifie capitalisme sauvage et qui organise rituellement sa grande messe en cette fin du mois de janvier 2010. La 40e édition de la réunion annuelle de Davos a pour thème «Améliorer l’état de la planète: repenser, remodeler, reconstruire». La régulation du secteur bancaire est un des thèmes principaux de la 40e édition du Forum économique mondial qui se tient jusqu’à dimanche. «Ce que propose Obama va dans le bon sens mais ne va pas assez loin. Nous devons séparer les banques commerciales des banques d’investissement», a affirmé l’économiste Nouriel Roubini, connu.

Souvenons-nous comment les banques ont été «sauvées»: Jacques Marseille professeur d’économie écrit: «Amorcée le 15 septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers, qui restera dans l’Histoire comme le krach du jeudi 24 octobre 1929, la crise aurait détruit à ce jour 50 000 milliards de dollars – l’équivalent d’une année de PIB mondial – et nécessité plus de 2 500 milliards de dollars – l’équivalent du PIB de la France – pour sauver le système financier mondial.»(1) Le créateur du Forum économique de Davos, Klaus Schwab, appelle les «patrons» à «passer de la logique des bénéfices à celle du bien public». Aurait-il viré à gauche? Non, notre homme est un habitué de ce genre d’incantations: tout dire…pour ne surtout rien changer! (… Voilà que le créateur du rendez-vous des puissants de Davos nous explique qu’«il est temps pour les patrons de passer de la logique des bénéfices à celle du bien public», que «[la crise] nous engage à repenser l’évolution de nos systèmes de valeurs, nos normes éthiques et nos mécanismes de régulation économiques, politiques et sociaux» et qu’«à agir comme si tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve, nous porterions un coup fatal à l’humanité». Le créateur du Forum de Davos en appeler au «bien public»! Davos et Porto Alegre, Forum économique et Forum social, même combat! Vrai-faux naïf, aussi et surtout, parce que son texte paru dans Le Monde, sert insidieusement à expliquer que «le bonus des traders est un mauvais débat»: «Le débat sur les bonus n’est en réalité qu’un symbole (…)» Et si l’on commençait justement par s’attaquer à ce genre de «symboles» que sont les bonus des traders? Et si l’on poursuivait avec un autre «symbole» qu’est le Forum de Davos? (2)

 

Le rentier et le travailleur
De quoi ont parlé les riches de ce monde en dehors de leurs affaires? Davos s’est intéressé le jeudi 28 janvier aux pays pauvres. Outre ce débat, le Forum organisait un déjeuner sur le thème: «Comment aider les Etats fragiles?» L’enjeu est de doubler la production d’ici 2050 pour nourrir les neuf milliards de personnes. Néanmoins, quelques idées fortes se sont dégagées. L’augmentation de la productivité est indispensable mais ne saurait être la seule solution. Certains pensent que tout est lié à la démographie. Pour tous les problèmes du monde: réchauffement climatique éventuel, maladies, famine, analphabétisme, etc…, il y a pour certains malthusiens un point commun, c’est la natalité non contrôlée d’une immense partie des familles de notre planète.
Le mercredi 27 janvier, Nicolas Sarkozy prononçait, à Davos, le discours d’ouverture. Si les mots n’étaient pas identiques, le message exprimait la même urgence: celle d’un assainissement du capitalisme financier. C’est l’impérieuse nécessité de mieux contrôler l’unique marchandise qui ne l’est pas dans le monde de la globalisation économique: les produits financiers. M.Sarkozy a stigmatisé les «dérives du capitalisme purement financier» et, dans le même souffle, critiqué «une mondialisation qui a dérapé du moment où il a été admis que le marché a toujours raison». (…) Pour Attac France: Tout changer pour que rien ne change: tel est le message que Nicolas Sarkozy a martelé devant ses amis de Davos. Entonnant son habituel couplet pseudo altermondialiste – avec un hommage inédit au «nouveau citoyen mondial» – il a stigmatisé «le rentier qui l’emporte sur le travailleur», la «flambée des inégalités» et les «profits excessifs qui ne sont plus supportés». Dénonçant le dumping social et environnemental dû à la prédominance des règles du libre-échange sur les droits sociaux, il a reconnu la duplicité des gouvernements, le sien inclus: Nous rognons à l’OMC et au FMI ce que nous décidons à l’OIT et à l’OMS. Après cette douche froide (….) Nicolas Sarkozy a rapidement prouvé combien il s’agissait de mots creux. Il s’est contenté de demander qu’on applique les décisions ultratechniques déjà prises par le G20 (…) Message subliminal du discours: la France ne propose aucune initiative nouvelle.(…) En arrière-plan de ce discours, la crainte avouée des réactions populaires: «Si nous ne changeons pas, les changements nous seront imposés par les crises économiques, politiques, sociales.»(…) (3)
A côté de Davos, Porto Alegre un nom de légende tant il représente l’espoir de milliards de personnes victimes justement du capitalisme obscène qui s’exhibe à Davos. Commentant l’ouvrage de Bernard Cassen paru en 2003 Tout a commencé à Porto Alegre, Pascal Boniface le présente, lui qui a été à l’origine du Forum social mondial (FSM). Ce dernier décrit l’histoire de ce mouvement dont l’impact n’est plus à discuter aujourd’hui. Tout a commencé en février 2000, lors d’une conversation avec deux visiteurs brésiliens. B.Cassen nous raconte qu’il s’est précipité dans le proche bureau de Ignacio Ramonet pour lui dire: «Ignacio, nous allons monter une opération historique, couler Davos.» On peut dire que l’objectif a été atteint. Le Forum de Porto Alegre et les suites qu’il a eues dépassent désormais, non seulement en termes d’assistance mais surtout en termes d’impact, celui de Davos. (…) Ainsi, l’affirmation clé de Porto Alegre venant à la suite de celle d’Attac (l’Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens), c’est qu’un autre monde est possible. Elle est, note B. Cassen, proprement révolutionnaire, car elle récuse le caractère irréversible et inévitable, et pour tout dire heureux, de la mondialisation libérale. (…) L’auteur livre une réflexion capitale sur la volonté de la famille altermondialiste de ne pas être récupérée par la frange de l’extrême gauche la plus active, (…) ce qui reviendrait à tarir les sources de recrutement de nouvelles forces du combat.(4) «Je vais à Davos avec une mission: montrer que si le monde développé avait fait ce qu’il avait à faire, nous aurions évité la crise.» déclare Lula le président brésilien. Les vivats retentissent dans le stade où 7000 militants étaient venus l’ovationner mardi 24 janvier à Porto Alegre (sud du Brésil). Le président brésilien prenait part au Forum social mondial (FSM), la rencontre des pourfendeurs de la mondialisation néolibérale, revenue cette année dans la ville où elle a vu le jour il y a dix ans. Comme au début de son mandat, en 2003, il se rendra donc aussi chez l’adversaire: le forum de Davos (Suisse), où il compte «jeter à la figure des pays riches» la crise, mais aussi l’échec du sommet de Copenhague sur le climat «L’un des acquis du FSM, c’est de l’avoir anticipée», se félicite un de ses organisateurs, le sociologue brésilien Cândido Grzybowski.(5)
«La crise a légitimé notre discours, reprend Cândido Grzybowski. Les thèses néolibérales ne sont plus à la mode, tout le monde est d’accord désormais qu’il faut faire quelque chose.» Mais le sociologue ne se fait pas d’illusions. Le capitalisme accuse le coup, «il a sept vies». Les plans de relance et autres mesures de sauvetage des banques cherchent à éviter l’effondrement du système, pas à le changer en profondeur.(…)
Mais les mesures du G 20 (les dix-neuf plus grandes économies plus l’UE) font sourire. «On en est à la pharmacie de campagne quand il faudrait un hôpital d’urgence, résume Bertho. Je crains que le pire soit devant nous.» Même son de cloche chez Susan George, la présidente d’honneur d’Attac France, pour qui, non seulement «la crise n’est pas finie», mais «il y en aura une autre très bientôt». Et d’admettre que la mouvance altermondialiste «n’a pas encore réussi à obliger les pouvoirs publics à prendre en compte ses revendications»…Selon elle, l’entrée en scène des grands pays émergents dans la gouvernance économique mondiale «n’a rien changé: Le G 20 travaille à remettre en selle le système financier tel quel. (..)Pour le reste, c’est reparti comme avant: les banques refont de la titrisation et le FMI – renfloué sans conditions par le G 20 – continue d’imposer en échange de son secours des politiques d’ajustement structurel désastreuses pour les pays du Sud.»(5) Pour la dixième année consécutive cette année et comme pendant de Davos, débutent à Porto Alegre au Brésil cinq jours de débats pour tirer un bilan et dresser des perspectives face à la crise globale. Depuis quarante ans à Davos, les multinationales et les maîtres de la finance entendent subordonner les politiques et les dirigeants des États à leurs propres intérêts. La dérégulation des marchés qu’ils ont impulsée a précipité le monde dans la crise économique. Depuis dix ans, à Porto Alegre puis dans le monde entier, le mouvement altermondialiste dénonce le néolibéralisme et propose des alternatives pour sortir de la crise et du système en place. Il démontre qu’un autre monde est possible. (…) Face à la pensée unique, il a transformé l’imaginaire des possibles. Il a porté dans le débat public des alternatives concrètes, comme la suppression des paradis fiscaux, le contrôle public des banques, la taxation des transactions financières et la réduction des inégalités de tous ordres, la nécessaire création de biens publics mondiaux. Ses propositions sont aujourd’hui discutées au plus haut niveau, sans pour autant être transformées en actes concrets qui permettraient de répondre aux urgences sociales et écologiques. (…) Dix ans après, il fait face à un contexte transformé, marqué par une grave crise économique et sociale, des recompositions géopolitiques majeures et une crise écologique sans précédent. Loin de s’essouffler, il intègre ces évolutions et continue de dessiner de nouvelles voies pour l’émancipation des citoyens et la transformation des sociétés, pour que les droits humains priment sur les intérêts d’une minorité de privilégiés.(6)
On dit que les altermondialistes, après 10 ans de combat d’idées, se cherchent. Pour Jean-Pierre Langellier: «Les altermondialistes vivent une crise d’identité qui s’est reflétée dans les débats du Forum social mondial (FSM) qui ont pris fin vendredi 29 janvier à Porto Alegre (Brésil). Les participants à cette rencontre, qui marquait le dixième anniversaire du mouvement, ont émis peu d’autocritiques ex cathedra. Le FSM affronte un problème de fonctionnement, dû à sa nature même, celle d’un mouvement qui se veut autonome(..). Comment concilier les exigences globales et les aspirations locales? (…) Pour mieux articuler le « global » et le « local », le FSM cherche depuis plusieurs années la solution en décentralisant ses débats. Après le lever de rideau de Porto Alegre, 27 forums régionaux auront lieu cette année dans le monde entier. Sur le fond, peu de réponses ont été apportées à ceux qui déplorent que « l’usine à idées » du Forum produise aussi peu d’outils conceptuels pour mener des actions concrètes, permettant à la société civile globale de s’affirmer». Tous analysent la crise financière mondiale comme une bonne nouvelle qui valide les thèses du Forum, et la décrivent comme le plus grave symptôme «des limites», «de l’usure», voire «de l’échec» du capitalisme. Mais ils sont déçus que la famille altermondialiste n’ait pas su exploiter l’événement à son profit en mobilisant massivement les énergies.(…) Rares sont ceux qui, comme Bernard Cassen, de l’association Attac se livrent à quelques constats gênants, par exemple à propos de la Chine d’aujourd’hui, qu’il dit ne pas tenir «pour une alliée des mouvements sociaux». «Nous devons, ajoute-t-il, cesser de considérer les pays du Sud comme un ensemble homogène où les rivaux de nos adversaires seraient forcément nos alliés.»(7)

Un projet au pluriel
Il est vrai, comme l’écrit Samir Amin: «Le projet de construire « un autre monde possible », se décline au pluriel». Déjà en 2005, Bruno Rebelle, directeur des campagnes de Greenpeace-International, écrivait que le risque de démobilisation est fort. Face à l’éparpillement et l’étalage sans fin des causes à défendre, une mobilisation sur quelques actions fédératrices -par exemple le changement climatique-, permettant d’obtenir des résultats tangibles, est indispensable. Tout comme l’est la construction d’une vision commune, tant le mouvement «alter» est traversé de contradictions, sociologiques, idéologiques et stratégiques, que ce recueil met bien en évidence. Cette vision pourrait être tout simplement fondée sur l’universalité des droits de l’Homme, propose Gustave Massiah, qui en décline les exigences concrètes dans un «projet pour le mouvement altermondialiste» convaincant.(8) Peut-on dire pour autant que les Altermondialistes se sont essoufflés? Il faut le craindre! Mais leur cause n’est pas passée de mode. Ce n’est pas parce que le capitalisme renaît toujours de ses cendres qu’il faut baisser les bras. Ce qu’il y a de sûr c’est qu’il est condamné par l’histoire à disparaître. La prise de conscience mondiale qu’un autre monde est possible doit trouver de nouveaux mécanismes pour précipiter la chute du capitalisme sauvage avant qu’il ne compromette dangereusement la vie sur Terre. C’est cela le futur combat, les changements climatiques.
Du point de vue éthique, les 50 milliardaires, qui sont plus riches que le milliard d’Africains, envisagent-ils de prendre le gain de leurs rapines quand ils rentreront dans le Royaume des morts? Pourtant, ils doivent savoir qu’une petite obole suffit au vieux Charon pour leur faire traverser sur sa barque le Styx et l’Achéron. Cette somme exigée ne pouvait être au-dessous d’une obole ni au-dessus de trois; aussi avait-on soin de mettre dans la bouche du mort l’argent nécessaire pour payer le passage. A quoi leur sert alors d’affamer le monde?

source :www.lexpressiondz.com

( 7 février, 2010 )

RAJ- Comité Bejaia Université :

                  Communiqué :

« Quand la vérité n’est pas libre, la vérité n’est pas vraie. »

                                                         Jacques Prévert

Il  y a cinquante -trois ans ou les étudiants algériens
ont répondu à l’appel du devoir national de quitter les bancs des
universités pour rejoindre les rangs de l’Armée de libération
nationale, et depuis à nos jours le pays vit une situation de marasme
politique, sociale et économique, il est l’otage de la corruption
politique et morale.
Portons le regard sur notre pauvre université, malade, elle l’est
aussi ; ou elle n’a jamais était un lieu de savoir et de recherche
scientifique, et le statut d’un universitaire fait pitié au lieu de
faire envie comme ailleurs dans le monde, la part de responsabilité de
l’Etat est grande, trop grande dans ce qui arrive à l’université
algérienne. La politique de la normalisation et les fausses solutions
des problèmes prend l’ampleur à l’intérieur et l’extérieur de
l’université, ils versent des milliards pour apparaitre blancs.
Nous sommes arrivés à un stade chaotique, incompréhensible ou le jeune
algérien a perdu  même le gout de vivre. Il est grave quand
l’université est utilisée, non pour former des avant-gardes de la
société mais à des enjeux politiques et au profit d’une poignée de
personnes, alors que l’étudiant rêve de faire un stage pratique pour
finir ces études, parlons pas du travaille ; combiens notre université
forme-t-elle de chômeurs par an ?il pleut des diplômes !Pire la
gestion administrative des affaires pédagogiques ;des filières ferment
et de nouvelles sont ouvertes sans aucune logique, si ce n’est pour
plaire au ministre, l’hygiène est inexistante , quand à la sécurité
elle n’existe qu’au niveau des postes de polices ! Depuis quand le
phénomène du harraga et la fuite des cerveaux sont  massivement
apparut en Algérie ?  Pourquoi, ce désengagement de l’intellectuel
algérien par rapport au rôle qui lui est théoriquement dévolu, qui’
est celui d’être « la tète pensante » de la société ?
Toutes ces questions restent posées sans réponses, l’Algérie ne sera
pas détruite par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent
agir et qui refusent d’intervenir, Il faut agir vite afin de couper la
mèche de cette dynamite qui pourrait embraser l’Algérie.

                                                         S.Générale :
                                                      Ferhat  Mouhali

    « Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir »

( 19 janvier, 2010 )

Il y a dix ans se préparait Porto Alegre…

Vers un tournant « post-altermondialiste » des Forums sociaux ?

 

par Bernard Cassen
        Secrétaire général de Mémoire des luttes, président d’honneur d’Attac

Conçus en 2000 et concrétisés pour la première fois en janvier 2001 à Porto Alegre, les Forums sociaux mondiaux (FSM) sont devenus des moments de forte visibilité pour les mouvements sociaux et citoyens de la plupart des pays du monde réunis pour dénoncer les ravages du néolibéralisme et mettre en avant des propositions alternatives. Mais une bonne formule finit par s’user après avoir réussi… D’où la nécessité de jeter des passerelles avec les forces politiques et avec les gouvernements progressistes qui mettent concrètement en œuvre des mesures directement issues des débats des FSM.

Dans ce petit bureau du Monde diplomatique à Paris où, le 16 février 2000, furent jetées les bases de ce qui allait devenir le Forum social mondial (FSM), aucun des présents [1] n’aurait pu imaginer qu’allait ainsi se mettre en place un nouvel acteur de la vie politique internationale. Et tout alla très vite, puisque le premier FSM se tint moins d’un an après, à Porto Alegre, capitale de l’Etat brésilien de Rio Grande do Sul [2].

Cette rapidité dans le passage de l’idée à l’action fut un remarquable exploit dont il faut créditer le comité d’organisation brésilien qui s’était constitué pour la circonstance. Dans un article publié en août 2000 [3], et qui contribua de manière décisive à crédibiliser et à mettre en orbite internationale le futur Forum, Ignacio Ramonet écrivait : « En 2001, Davos aura un concurrent autrement plus représentatif de la planète telle qu’elle est : le Forum social mondial, qui se réunira aux mêmes dates (du 25 au 30 janvier) dans l’hémisphère sud, à Porto Alger (Brésil) ». Il ajoutait, à partir des éléments dont il disposait à ce moment-là, qu’étaient attendus « entre 2 000 et 3 000 participants, porteurs des aspirations de leurs sociétés respectives ». Mais, à la surprise générale, ce sont près de 20 000 délégués qui se retrouvèrent six mois plus tard dans la capitale gaucha !

La réaction anti-Davos avait joué à plein dans cette mobilisation. La proximité volontaire des intitulés des deux Forums – Forum économique mondial ou World Economic Forum (WEF) pour Davos, et Forum social mondial pour Porto Alegre – et la simultanéité, tout aussi délibérée, des dates des deux rassemblements avaient constitué des atouts médiatiques majeurs. Le fondateur et président du Forum de Davos, Klaus Schwab, en fit d’ailleurs l’amère constatation en se plaignant du « détournement négatif » de la renommée du WEF.

Symbolisant la puissance et l’arrogance de la finance, et le mépris de la démocratie et de la société, Davos constituait une cible parfaite pour les mouvements sociaux et citoyens. Déjà, en janvier 1999, en pleine session du WEF, plusieurs organisations, dont le Forum mondial des alternatives (FMA) et Attac, avaient organisé un séminaire de deux jours à Zurich, suivi d’une conférence de presse sur le thème de « L’autre Davos » dans la station de ski suisse. Toute manifestation était en effet pratiquement impossible dans ses rues étroites et enneigées en raison du quadrillage policier et militaire. 

C’est donc contre tout ce que représentait Davos que se définirent les premiers FSM, dans une posture de dénonciation du néolibéralisme et de résistance à ses méfaits. Ils se situaient également dans le prolongement des combats zapatistes (en particulier de la Rencontre intergalactique du Chiapas de 1996) ; de la lutte victorieuse, en 1998, contre l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI), concocté en secret par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et dont le texte avait été rendu public par Le Monde diplomatique en France ; et évidemment de la grande mobilisation de Seattle contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de décembre 1999 [4].

Dans une deuxième étape, les Forums devinrent plus propositionnels, ce qui se traduisit lexicalement par l’abandon du terme « anti-mondialisme » au profit d’« altermondialisme. Donc par le passage du refus à la proposition, ce qui correspondait mieux au mot d’ordre des Forums : « Un autre monde est possible ». Cette évolution s’effectua sans aucune modification des règles de fonctionnement du FSM, codifiées dans sa Charte de principes élaborée en juin 2001. Dans ce document de référence, le Forum est défini à la fois comme un espace et un processus, et absolument pas comme une entité. Il s’agit de ménager un lieu d’échanges, de dialogue, d’élaboration de propositions, de mise en place de stratégies d’action et de constitution de coalitions de tous les acteurs sociaux qui refusent la mondialisation libérale. Mais chacune de ces démarches n’engage que les organisations qui veulent s’y impliquer, et non pas l’ensemble de celles présentes au Forum.

Le FSM ne prend donc pas de positions en tant que tel, il n’y a pas de « communiqué final » de ses réunions ; il y a seulement des textes adoptés lors du FSM, mais pas de textes du FSM ni de ses déclinaisons continentales (comme les Forums sociaux africains, européens, etc.). Cette formule ouverte a permis d’incorporer progressivement aux Forums des forces nouvelles – syndicats « réformistes », organisations non gouvernementales (ONG), mouvements indigènes, féministes, écologiques, confessionnels, etc. – qui acceptaient de faire un bout de chemin avec des éléments plus radicaux, mais qui ne voulaient pas se laisser déborder par eux.

D’un FSM à l’autre, des centaines de propositions furent ainsi avancées ( plus de 350 pour le seul Forum de Porto Alegre en 2005), mais sans aucune hiérarchie ni articulation entre elles. Tout ce qui dérogeait au principe d’ « horizontalité » (toutes les propositions ont un statut équivalent) et tout ce qui apparaissait comme « vertical » (par exemple une plate-forme mettant en cohérence différentes propositions complémentaires, mais éparpillées) fut combattu par une fraction influente des organisateurs brésiliens des Forums et de dirigeants d’ONG qui y voyaient l’amorce d’un programme politique, voire de la création d’une nouvelle Internationale !

C’est ainsi que le Manifeste de Porto Alegre, socle de 12 propositions – issues des débats, et faisant à la fois sens et projet – présenté à Porto Alegre le 29 janvier 2005 par 19 intellectuels des quatre continents (dont deux Prix Nobel) [5] fut critiqué dans son principe même par nombre de gardiens auto-proclamés de l’orthodoxie « Forum ». Un sort identique fut ultérieurement réservé, par les mêmes, à l’Appel de Bamako, document programmatique à vocation planétaire, rédigé à l’issue d’une rencontre organisée par le Forum mondial des alternatives, et qui avait rassemblé 200 intellectuels et représentants de mouvements sociaux, dont une majorité d’Afrique et d’Asie, à la veille du FSM décentralisé tenu dans la capitale du Mali en janvier 2006 [6].

En application de la lecture rigoriste que font certains de la Charte de principes de 2001, les Forums sociaux seraient ainsi condamnés à présenter en ordre dispersé des myriades de propositions d’importance très inégale aux structures de l’ordre dominant qui, des gouvernements aux institutions multilatérales (Fonds monétaire international, Banque mondiale, OMC, OCDE), sans parler de la Commission européenne, font, elles, preuve d’une cohésion sans faille dans l’imposition des dogmes libéraux.

Ce refus volontaire de peser collectivement, à partir d’une plate-forme internationale commune, sur les acteurs du champ politique, tout en restant hors de la sphère électorale, explique l’usure de la formule des FSM. Et cela même s’ils continuent à rassembler des dizaines de milliers de participants locaux, souvent venus par curiosité, comme ce fut le cas à Belem en janvier 2009. Beaucoup de militants s’interrogent sur les débouchés politiques concrets de ces rencontres et sur la manière dont elles peuvent contribuer à l’avènement d’un « autre monde possible ».
 
Les choses se sont compliquées avec l’arrivée au pouvoir, en Amérique latine (Bolivie, Equateur, Paraguay, Venezuela), de gouvernements issus de mouvements populaires, mettant concrètement en oeuvre, avec évidemment des hauts et des bas, des politiques de rupture avec le néolibéralisme – tant au niveau national qu’international -, telles que celles avancées dans les Forums. Quelle attitude adopter à leur endroit ? Faut-il être solidaires d’eux, fût-ce au cas par cas ? Ou bien faut-il rester les bras croisés et regarder ailleurs, au prétexte qu’il s’agit de gouvernements, donc par essence suspects, et qu’il faut pour ces raisons tenir à distance.

Ce comportement renvoie à une idéologie libertaire diffuse, mais très présente dans de nombreuses organisations. Elle a été théorisée, notamment, par John Holloway dans un ouvrage au titre explicite : Comment changer la société sans prendre le pouvoir [7] Le mot pouvoir est d’ailleurs absent du vocabulaire de nombre de ces acteurs, sauf pour être stigmatisé, très souvent en réaction aux dérives totalitaires des États-partis. En revanche, le contre-pouvoir et la désobéissance civique sont censés être des leviers privilégiés du changement. Une telle posture devient difficilement tenable quand, par exemple, à l’occasion du Sommet de Copenhague, l’Alliance bolivarienne des peuples de notre Amérique (ALBA), qui regroupe 9 Etats latino-américains et caraïbes, prend des positions qui convergent avec celles des coalitions d’ONG exigeant la justice climatique, et met directement en cause le capitalisme [8].

Le nouveau contexte international va imposer, y compris dans la conception des Forums sociaux, la recherche de nouvelles formes d’articulation entre mouvements sociaux, forces politiques et gouvernements progressistes. Un mot a été proposé pour caractériser cette évolution : le post-altermondialisme [9], qui ne se substitue pas à l’altermondialisme, mais en constitue un essaimage possible. Lors du FSM de Belem, on avait pu voir une première ébauche de cette démarche post-altermondialiste dans le dialogue entre quatre présidents latino-américains - Hugo Chavez (Venezuela), Rafael Correa (Equateur), Fernando Lugo (Paraguay) et Evo Morales (Bolivie) – et les représentants de mouvements sociaux du sous-continent.

Ce dialogue va s’approfondir, avec une participation accrue de chefs d’Etat (dont celle du président Lula), à l’occasion du Forum social thématique de Bahia, prévu à Salvador du 29 au 31 janvier 2010 [10]. Elle devrait se prolonger lors du prochain FSM qui aura lieu à Dakar en 2011. Lors d’une réunion préparatoire organisée dans la capitale sénégalaise en novembre dernier, des mouvements sociaux du continent ont exprimé leur volonté de faire évoluer le FSM. Sont venues dans le débat des formulations comme la nécessité d’en faire « un espace des alliances crédibles » et non pas « un marché de la société civile » ; de « définir une relation nouvelle avec les acteurs politiques » en vue de « construire une alternative ». C’est en d’Afrique que se consolidera certainement le nécessaire tournant « post-altermondialiste » des Forums sociaux.

 

Bernard Cassen

 

 

 

Notes

[1]  Il s’agissait, outre l’auteur de ces lignes ( à l’époque directeur général du journal et président d’Attac France), de Chico Whitaker et d’Oded Grajew, respectivement secrétaire de la commission Justice et Paix de la Conférence nationale des évêques brésiliens, et dirigeant de l’Association brésilienne des entrepreneurs pour la citoyenneté (CIVES), ainsi que de Mmes Whitaker et Grajew.

[2]  Sur la genèse et l’organisation de ce premier Forum et des deux suivants, lire Bernard Cassen, Tout a commencé à Porto Alegre, Editions des 1001 Nuits, Paris, 2003. Lire également le texte de Chico Whitaker sur les origines du Forum : http://www.forumsocialmundial.org.br/dinamic.php ?pagina=origem_fsm_por

[3]  Ignacio Ramonet, « Davos ? Non, Porto Alegre », Le Monde diplomatique, août 2000. Cet article fut repris dans la vingtaine d’éditions en langues étrangères que comptait alors le mensuel. Il en alla de même pour l’éditorial du même auteur, publié quelques semaines avant le Forum en vue de mobiliser les participants : « Porto Alegre », Le Monde diplomatique, janvier 2001.

[4]  Lire Samir Amin et François Houtart, « Trois défis pour les Forums sociaux », Le Monde diplomatique, mai 2006.

[5]  http://www.medelu.org/spip.php ?article27&var_recherche=manifeste%20de%20porto%20alegre

[6]  http://www.forumdesalternatives.org/FR/readarticle.php ?article_id=841

[7]  Editions Syllepse, Paris, 2003.

[8]  Déclaration spéciale sur le changement climatique approuvée par le Sommet de l’ALBA lors de son Sommet des 13 et 14 décembre 2009 à La Havane. Version en espagnol : http://www.medelu.org/spip.php ?article313. Version en français : http://www.medelu.org/spip.php ?article312

[9]  Le 26 janvier 2008, l’association Mémoire des luttes et la revue Utopie critique ont organisé à Paris un colloque intitulé « Altermondialisme et post-altermondialisme ». Lire son Appel final : http://www.medelu.org/spip.php ?article7&var_recherche=colloque%20post%20altermondialisme

[10]  http://www.fsmbahia.com.br


( 12 décembre, 2009 )

ليس بإسمنا

نعلن نحن المقعون على هذا البيان في كل من مصر والجزائر إدانتنا التامة للحملات العنصرية التي أطلقها الإعلام الرخيص الساعي للربح، والتي شارك فيها عن عمد الإعلام الرسمي الساعي لإرضاء الحكام. هذا الإعلام الذي قام بتهييج أحط المشاعر ليرفع معدلات التوزيع ونسب المشاهدة بغض النظر عن أي مبدأ أو قيمة.

ونؤكد نحن قوى اليسار والعاملون بأجر والكادحين في هذين البلدين العريقين أن أواصر التضامن ووحدة المصير بين شعبينا تتجاوز مؤامرات الحكام وأطماع طالبي الشهرة وحملات الغوغائيين.  

ونحن إذ نرى أن هذه الحملات الشوفينية لم تستفد منها سوى الأنظمة الديكتاتورية الفاسدة على الجانبين، نعلن رفضنا الانسياق وراء عمليات التعبئة المتبادلة التي يخطط لها حفنة من الساسة الانتهازيين. فرفعة شأن الوطن لا تتحقق أبدا بالتحقير من وطن آخر. وإعلاء قيمة الإنسان في مصر لن تمر عبر الحط من الإنسان في الجزائر.

نحن نرفض أن نعطي حكامنا المستبدين طوقا للنجاة. نرفض أن يتحدثوا باسمنا، وأن يجيشوا الجيوش لمحاربة عدو وهمي اسمه مصر أو الجزائر، بينما العدو الحقيقي هو من ينهب قوتنا هنا وهناك، ومن يكمم أفواهنا هنا وهناك، ومن يركع للإمبريالية والصهيونية هنا وهناك.

وبينما تتزايد وطأة هجمات ما يسمى برأسمالية السوق، وبينما ترتفع معدلات البطالة في بلدينا، في حين تتراكم الثروة في أيدي حفنة من المستغلين، فإن الأمل الوحيد لنا في مناهضة العدوان الرأسمالي على مقدرات حياتنا يكمن في النضال ضد ظلم أصحاب الأعمال وضد اضطهاد الحكومات. وهذا يتطلب أولا وقبل كل شيء تمييز العدو الحقيقي والصديق الحقيقي.. يتطلب مد اليد لتحقيق وحدة النضال بين شعبين يعانيان نفس الظلم ويخوضان نفس المعركة.

عاش كفاح كادحي مصر والجزائر

عاشت وحدة شعبي مصر والجزائر

الموقعون

( 12 décembre, 2009 )

Médias de la discorde 1 : Algérie et Egypte : zéro

L’histoire véridique d’une inimitié imaginaire

Revue culturelle méditerranéenne Babel Med (www.babelmed.net)

9 décembre 2009

On se souviendra longtemps du rôle central joué par les médias dans la crise diplomatique actuelle entre l’Algérie et l’Egypte. N’étaient les journaux à grand tirage et les télévisions satellitaires qui les ont amplifiés, les échanges vifs entre supporters égyptiens et algériens ne seraient aujourd’hui que de simples anecdotes ».

Tout a commencé quelques semaines après le match aller entre les équipes algérienne et égyptienne de football qui a eu lieu à Blida, le 7 juin 2009, pour le compte des éliminatoires, du Mondial 2010 qui et s’est terminé par la victoire de l’Algérie.

Les rencontres sportives Egypte-Algérie ont toujours été un défouloir de passions, la compétition entre les deux pays étant très animée dans plusieurs disciplines. Cette victoire a naturellement annoncé un autre match, entre supporters, à multiples prolongations. Malheureusement, ce qui pouvait n’être qu’une joute oratoire s’est vite transformé en une bataille dans laquelle aucun symbole des deux pays n’a été épargné et qui a marqué les esprits par son extrême vulgarité. Des supporters algériens ont représenté les joueurs égyptiens avec des corps de danseuses (comme si la féminité était une tare honteuse). Des supporters égyptiens, aussi peu inspirés, ont contesté « l’arabité de l’Algérie » (comme si l’arabité était, « elle-même», un insigne honneur) et rappelé que les Français traitaient les Algériens « comme des esclaves » (les Britanniques traitaient-ils mieux les Egyptiens ?).

Il n’était pas juste que les internautes se réservent les lauriers de cette bataille. Quelques semaines avant le match retour annoncé au Caire le 14 novembre, ordre a été donné aux journalistes de se transformer en supporters. Et pour aguicher les lecteurs, les injures échangées sur Internet ont été retransmises à grande échelle par des médias très influents. Chacun des deux « camps » disposaient désormais d’une redoutable artillerie.

L’ignorance au pouvoir

L’engagement sur la ligne de front de journaux à grands tirages et de plusieurs chaînes de télévision a donné au combat médiatique les dimensions d’un règlement de compte historique. Beaucoup d’Egyptiens ont commencé à croire sincèrement que les Algériens sont élevés dans la haine de leur patrie. Une télé-star connue, Amr Adib, a pensé faire preuve d’une grande culture en prétendant que c’est l’Egypte qui a libéré l’Algérie de la colonisation. Ces propos ont beaucoup choqué les Algériens mais la plupart des journaux en Algérie, au lieu de rappeler l’histoire de ce journaliste, pleine de manquements à l’éthique professionnelle, et de lui rappeler que la guerre de libération, que Nasser a soutenue, n’a été qu’un maillon dans la longue chaîne de la résistance algérienne ; au lieu de cela donc, ils se sont conduits comme si Amr Adib représentait 80 millions d’Egyptiens.

Ce faisant beaucoup de médias, dans les deux pays, confirmaient chaque jour davantage que la défense de la patrie, outre qu’elle est un devoir religieux, rapportait beaucoup d’argent : leurs tirages ou leur audimat avait explosé. Et pour que l’inespérée source de profits ne se tarisse pas rapidement, on s’st mis à évoquer le match retour comme un enjeu de dignité nationale. Peu de journaux se sont abstenus de participer à cette furie footballistico-mercantile. En Egypte, « Al Al Masri Al Youm », qui avait lancé une campagne nommée « Une rose pour chaque Algérien », s’en est vite mordu les doigts ; sous la pression de ses confrères (et, probablement, de ses actionnaires), il a dû lui aussi mettre à ses journalistes leurs uniformes de soldats.

La mobilisation médiatique, si disproportionnée par rapport à l’enjeu, un simple match de football, n’est pas restée sans résultats. Le Caire est vite devenu la Mecque des supporters algériens, ce qui augurait d’affrontements avec les supporters égyptiens, fanatisés par la presse. Même Dieu a été prié de choisir son camp. Les appels qui lui étaient adressés étaient d’une grande originalité ; les uns le conjuraient d’offrir à l’équipe égyptienne « au moins deux buts », les autres de « ne lui en offrir aucun ou un seul tout au plus ».

Des supporters égyptiens, qui ont appris dans le journal l’heure d’atterrissage de l’avion de l’équipe d’Algérie, se sont sentis une âme de héros et ont caillassé l’autobus la transportant à l’hôtel. L’attaque a fait trois blessés parmi les joueurs. Au lieu de reconnaître l’agression, l’écrasante majorité des médias en Egypte ont prétendu que les vitres de l’autobus avaient été « brisées de l’intérieur ». Ils n’ont pas expliqué à leurs lecteurs si les joueurs s’étaient aussi intentionnellement blessés pour mieux préparer le match capital.

Le chauvinisme au service des profits

La majorité des médias en Algérie n’attendaient qu’un tel dépassement pour crier vengeance et ainsi continuer à augmenter leurs ventes. L’agression a ainsi été présentée, en parfaite adéquation avec les déclarations gouvernementales, comme la preuve d’un complot étatique contre l’équipe algérienne, devenue un des symboles de la nation, au même titre que l’emblème national. Il n’était plus désormais abject de publier des diatribes anti-égyptiennes. Elles avaient même la faveur des unes des journaux.

Et bien que le bon sens recommandât de reporter le match, la FIFA l’a maintenu, estimant sans doute qu’un peu de violence était nécessaire au charme et à la beauté du football. Le match a eu lieu dans une tension extrême. L’Egypte l’a remporté mais les deux équipes n’étaient pas pour autant départagées ; elles devaient s’affronter de nouveau à Khartoum, le 18 novembre. A la fin de la rencontre l’équipe algérienne est restée pendant près deux heures assiégée à l’intérieur du stade, « pour des raisons de sécurité ». Quelques Algériens ont été encerclés par des supporters égyptiens. L’un d’eux, dans la bousculade, est tombé et un autre l’a cru mort (ou a crû bon de le croire mort) et l’émotion ne l’a pas empêché de filmer la scène pour la diffuser sur le Youtube.

Les deux « sièges » ont été diffusés sur Internet. La majorité des médias algériens ont préféré croire à un guet-apens tendu aux joueurs algériens et aux supporters. Des centaines de jeunes, pour « laver l’affront », ont déferlé sur les succursales de la société égyptienne Orascom. Ils les ont dévastées et agressé leurs employés égyptiens comme si chacun d’eux, personnellement, avait participé au caillassage de l’équipe algérienne. Le patriotisme avait maintenait de forts relents de chauvinisme.

La peur des représailles a poussé nombre d’Egyptiens à quitter le pays. Il va sans dire que, plus intéressés par leurs bénéfices que par la déontologie professionnelle, peu de médias algériens ont rapporté ces différents événements. Quant à ceux d’Egypte, pour la plupart ils ne sont pas contentés de les dénoncer ; ils s’en sont pris au peuple algérien dans son ensemble, présenté comme un peuple intrinsèquement « violent », « sanguinaire » et autres aimables adjectifs que n’auraient pas renié de francs colonialistes.

La bataille imaginaire de Khartoum

Il fallait démoraliser « l’ennemi », mais il fallait, surtout, remporter la « bataille de Khartoum », comme les journalistes se sont mis à l’appeler avec une déconcertante légèreté. Il y allait de l’honneur des deux nations. Les deux régimes n’avaient pas intérêt à une défaite qui ramène les peuples à la réalité de leur misère et de leur écrasement. Ils se sont souvenus que le patriotisme, outre qu’il est un noble sentiment, était une confortable rente. Ils ont mis en place des « ponts aériens » pour transporter « leurs » supporters au Soudan. Aucun pont aérien n’a jamais secouru les victimes des séismes dans les montages algériennes ou celles de plusieurs accidents ferroviaires meurtriers en Egypte, mais qu’à cela ne tienne, tous les regards étaient braqués sur la capitale soudanaise, arène de l’ultime combat pour la dignité nationale.

En deux jours, le gouvernement algérien a transporté à Khartoum, à prix réduits, trois fois plus de supporters que de soldats en 1973 pour aider l’Egypte dans sa guerre contre Israël. Le gouvernement égyptien n’a pas divisé, lui, le prix des billets pour Khartoum. Gamal Moubarak, fils du président et pasteur désintéressé de l’équipe nationale, devait assister au match, et pas  plus que le stade du Caire, le stade d’El Marikh ne devait accueillir la populace des banlieues du Caire. Seuls les supporters pouvant payer leur voyage pouvaient assister avec lui au match. Reste qu’ils n’étaient pas peu nombreux les artistes, les comédiens, les militants du Parti au pouvoir et les vrais amateurs de football à se déplacer au Soudan.

Le match a commencé dans cette atmosphère belliqueuse, où on n’entendait parler ni de Ben Bella ni de Nasser. Il s’est terminé par la victoire de l’équipe algérienne. Il a surtout été suivi de l’agression de supporters égyptiens par des supporters algériens. Si ces agressions ne sont pas une vue de l’esprit, aucun témoignage crédible n’a établi qu’elles avaient eu les proportions génocidaires que leur prêtent encore beaucoup de médias en Egypte. Au lieu d’exiger qu’on punisse les agresseurs, des journalistes, des chanteurs et des acteurs célèbres se sont mis à injurier l’Algérie, son peuple et même ses martyrs. Certaines de ces stars, comme Mohamed Fouad, ont appelé, en direct, à tuer les Algériens d’Egypte, en représailles de l’humiliation de Khartoum. On ne se souciait même plus des formes : le rappel, par le réalisateur égyptien Khaled Youcef, des « relations historiques » entre l’Algérie et l’Egypte, a été accueilli avec dérision par deux animateurs de télévision survoltés, et les techniciens de l’émission lui ont même raccroché au nez.

Les régimes s’en mêlent

Un nouvel ennemi extérieur a été trouvé par certains secteurs du Parti officiel, PND, qui voulaient faire effacer la déprime classique d’après les défaites footballistiques. Le fils du président, Gamal, prétendant à la succession de son père, avait associé son image à celle d’une équipe égyptienne victorieuse, si bien qu’il pouvait difficilement ne pas être comptable de ses défaites. L’ennemi c’était désormais le « peuple sanguinaire » d’Algérie, désigné à la vindicte publique, en direct sur les ondes, par l’autre fils du président, Alaa. L’acteur et journaliste Tarek Allam pouvait qualifier impunément les Algériens du « plus vil des peuples de la terre » et « Al Masri El Youm », pour maintenir ses ventes, rapporter des faits imaginaires, dont un qui restera dans les annales de la presse sensationnelle : l’appel du gouvernement allemand aux Egyptiens à cacher leur identité de peur d’être massacrés par les Algériens.

Insulter l’Algérie est ainsi devenu une preuve de patriotisme. Des centaines de jeunes ont brûlé l’emblème algérien devant l’ambassade d’Algérie au Caire, sous bonne garde policière. La comédienne Issad Younes a promis à l’Algérie un boycott artistique total et d’autres artistes lui ont emboité le pas. La contribution patriotique de Mounir Wassimi, président du syndicat des musiciens a été, elle, la promesse qu’aucun artiste algérien ne pourrait plus jamais travailler en Egypte. Celles d’autres artistes comme le comédien Ahmed Al Saqqa de restituer des prix qu’ils avaient reçus dans des festivals cinématographiques algériens. Des metteurs en scène (Ali Badrakhan, Yousri Nasrallah, Ahmed Abdallah el Sayed) se sont opposés à cette campagne chauvine anti-algérienne, des comédiens comme Adel Imam et Khaled Abou el Naja aussi. Malheureusement, les médias ont moins relayé leurs déclarations que celles des partisans du boycott du « pays des sanguinaires ».

Les médias algériens, quant à eux, ont fêté la victoire d’une drôle de manière, l’œil rivé sur les dernières inventions de certaines télévisions égyptiennes. « Akhbar el Youm » a ainsi rendu hommage à « l’équipe nationale parce qu’« elle a vengé le sang algérien versé dans le Caire de la honte ». « El Chourouk », pour honorer son histoire de journal presque « jaune », a dénoncé « l’hypocrisie de l’Egypte », mettant dans le même sac le pays, ses médias et 80 millions d’Egyptiens. La griserie de la victoire n’a pas émoussé la vigilance patriotique et on a continué à qualifier les Egyptiens de « peuple de danseuses du ventre » et d’« enfants de Fifi Abdou » (ne sachant pas que cette star a eu, au début de cette crise absurde, une honorable position anti-chauvine). Atteindre à la dignité de l’Algérie devait être sévèrement puni, clamaient les journalistes en prenant des airs autoritaires de chefs d’Etats. La dignité avait désormais une définition précise. Elle n’était plus foulée au pied dans les commissariats et les prisons ni, quotidiennement, devant les consulats européens à Alger.

Qui se souvient d’octobre 1973 ou de Djamila

Bouhired ?

Les médias ont réussi à transformer une compétition sportive en

 marchandise. En se mettant au service de gouvernements en

 mal de popularité, ils en ont fait une bataille rangée entre deux

 peuples meurtris, qui tous deux, depuis des décennies

, subissent crises économiques et présidents éternels auto-élus

. Les Egyptiens, agressés en Algérie, réfléchissent aujourd’hui

 par deux fois avant de revenir dans ce qui fut leur « seconde

patrie ». Les Algériens agressés au Caire ne se sentent plus en

 sécurité là où ils pensaient l’être plus que partout ailleurs ;

 certains d’entre eux sont rentrés dans leur pays. Les appels au

 calme, les éditoriaux anti-chauvins qu’ils lisent dans certains

 journaux égyptiens n’ont pas suffi apparemment pour les

rassurer.

Les médias algériens et égyptiens, grâce à l’exploitation de ces

 drames, continuent d’augmenter leurs bénéfices. Le 24

 novembre dernier, près d’une semaine après le match de

Khartoum, le quotidien algérien « El Chourouk » a affirmé avoir

 franchi la veille la barre de 2 millions d’exemplaires/jour, contre

 1,4 million une semaine plus tôt et seulement 850 mille à la mi

-octobre 2009. Il a promis à ses lecteurs un « Livre blanc des

 désastres des médias égyptiens », oubliant les siens propres,

 dont la diffusion d’une terrible fausse nouvelle qui a mis le feu

 aux poudres : la mort d’un supporter algérien au Caire.

Des journalistes-soldats, aux ordres de leurs patrons, et à

l’écoute de leur propre chauvinisme, ont réussi à convaincre de

 larges secteurs des opinions égyptienne et algérienne que les

 deux peuples étaient d’irréductibles ennemis, et, surtout, que

chacun d’eux devait s’aligner derrière son président, au lieu de

 réclamer le droit de l’élire librement. Qui se souviendra qu’il

existe en Algérie à ce jour une association des anciens

 combattants du Moyen-Orient » et que Djamila Bouhired reste

 l’héroïne de toute une génération d’Egyptiens ?

Yassin Temlali

( 11 novembre, 2009 )

Associations : RAJ lance les cafés des libertés :

Quotidien El Watan : Mercredi 11 Novembre 2099.

 Un programme de rencontres-débats autour de la situation du secteur de l’éducation, intitulé cafés des libertés, vient d’être lancé par l’association action et jeunesse RAJ, bureau de Béjaïa.

Une première rencontre a eu lieu au café du cercle du MOB samedi dernier, soit un jour avant le déclenchement de la grève de l’intersyndicale. Cette première rencontre, ayant pour thème les réformes dans le système éducatif : l’échec d’une alternative, a été animée par deux conférenciers : M.M. Idir Achour, porte-parole du CLA et Sadali Salem, secrétaire général du SATEF et a vu la participation, entre autres, d’enseignants et d’étudiants. Les conférenciers estiment que le système éducatif est à repenser, après l’échec planifié de l’école, et qu’il faut passer à un enseignement technique et professionnel qui demeure inexistant au Lycée. Concernant l’université, ils pensent que le LMD est beaucoup plus professionnel qu’académique : « Au niveau de l’université le système n’est pas équivalent avec celui de l’éducation nationale ». Ce programme de rencontres se veut, selon ses initiateurs, un espace d’échanges entre les acteurs sociaux, notamment les jeunes. C’est « de la volonté d’ouvrir des espaces commun de rencontres et de débats publics qu’est née l’idée des cafés des libertés », nous dira M. Ladjini Abdelhak, coordinateur du comité de RAJ de Béjaïa.

Par Outemzabt Mounir

( 10 novembre, 2009 )

C.R.L.D.H. Tunisie

 

اللجنة من أجل احترام الحريات وحقوق الإنسان في تونس

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

Membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme

21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  - Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34

contact@crldht.org / www.crldht.org

LES PRISONNIERS DU BASSIN MINIER GAFSA-REDEYEF LIBÉRÉS

La résistance des détenus, des femmes et des familles, la solidarité et la mobilisation nationale et internationale ont eu raison de l’arbitraire

C’est avec joie et satisfaction que le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) vient d’apprendre la libération de tous les prisonniers du bassin minier de Redeyef-Gafsa en vertu d’une grâce présidentielle non amnistiante.

Cette libération est l’heureux aboutissement d’une forte solidarité et mobilisation ininterrompue, nationale et internationale, en faveur des personnes emprisonnées depuis le mois de juin 2008 à la suite du soulèvement qu’a connu la région durant tout le premier semestre 2008.

Le CRLDHT se réjouit d’autant plus que les condamnations (avec leur cortège de peines extrêmement lourdes) prononcées à l’encontre des animateurs du mouvement social du bassin minier de Gafsa/Redayef, l’ont été à la suite de procès des plus inéquitables au cours desquels les avocats de la défense ont clairement démontré l’irrégularité de la procédure, le recours systématique à la torture, le non-fondé des accusations, etc.

Cette libération vient mettre un terme à une longue souffrance collective, non seulement celle des détenus et de leurs familles, mais aussi celle de toute une ville (Redayef) endeuillée depuis que les leurs ont été éparpillés dans différentes prisons tunisiennes, où ils n’ont eu de cesse de subir des traitements inhumains et dégradants…

Cependant, nous ne serons vraiment en mesure de nous réjouir que si les poursuites à l’encontre, notamment, de Fahem BOUKEDDOUS et Mohieddine CHERBIB (membre fondateur du CRLDHT et Président de la FTCR-Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives), tous deux condamnés « par contumace », sont définitivement abandonnées !

Le CRLDHT exprime ses vives et chaleureuse félicitations à Adnane, Bachir, et leurs anciens codétenus ainsi qu’à toutes les familles, pour cette liberté recouvrée, tout en exigeant des autorités leur rétablissement dans tous leurs droits civils et politiques et leur réintégration immédiate dans le travail.

Le CRLDHT exige, en outre, l’indemnisation de toutes les personnes libérées pour avoir été détenues arbitrairement, dans des conditions inhumaines, pendant plus d’un an.

Le CRLDHT demande instamment aux autorités d’enquêter sans délai (via une commission « Vérité », indépendante et impartiale) sur les abus d’autorité, sur les décès de Hafnaoui MAGHZAOUI, de Hichem BENJEDDOU et d’Abdelkhalek AMAIDI, sur la torture et autres traitements inhumains ou dégradants, commis par la machine policière de l’État et ses fonctionnaires.

Il rappelle, d’autre part, que les graves problèmes socio-économiques, environnementaux, et politiques, ne peuvent en aucun cas être résolus par une répression croissante ; qu’il est grand temps que les autorités comprennent qu’en dehors des solutions politiques, il n’existe pas de réelle alternative à la situation de blocage désastreux que connait notre pays. Le premier pas véritable, dans ce sens, serait (on ne le répètera jamais assez) la promulgation d’une loi d’amnistie générale, qui verrait tous les prisonniers politiques et d’opinion (notamment Dr CHOUROU, Tawfik BEN BRIK, Zouhir MAKHLOUF), recouvrir pleinement leur liberté citoyenne.

Le CRLDHT rend un hommage au combat courageux et pacifique des détenus, à la résistance de leurs familles, notamment les femmes, épouses et mères…ainsi qu’à l’engagement actif et permanent des avocats et des syndicalistes à leurs cotés. 

Enfin, le CRLDHT, tient à féliciter toutes les personnes, associations et organisations nationales (à la tête desquelles le Comité national de soutien aux populations du bassin minier) et internationales de défense des droits de l’homme, partis politiques, organisations syndicales, députés français, européens… qui ont pris activement part à la campagne nationale et internationale de solidarité avec les détenus de Redayef /Gafsa, et leur demande de redoubler de vigilance à l’égard du traitement qui sera réservé aux personnes libérées.

Paris, le 5 novembre 2009.



( 5 novembre, 2009 )

 Rassemblement-Actions-Jeunesse

    RAJ Comité de Bejaia Ville :                                                         Invitation  

Cliquez sur l’image, pour afficher la maquette de l’invitation et du programme détaillé de l’activitée.

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( 11 octobre, 2009 )

Reportage de FRANCE 24 sur le rassemblement et la marche du 05 Octobre 2009 :

 

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